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Vendredi 12 septembre 2025
Le patronat :
La semaine dernière a été riche en discours politiques stériles, dénués de bon sens, souvent agressifs et empreints d’une pratique de la politique de plus en plus obsolète. Un des fleurons de cette obsolescence du discours politique a été porté à un apogée par le Chef du MEDEF au cours de déclarations médiatisées peintes aux couleurs d’un passé où le patron et dieu étaient confondus dans un même élan de servitude par les ouvriers.
Je n’ai jamais eu d’attirance particulière pour la rhétorique patronale ni d’ailleurs de rejet particulier. Par le passé j’ai apprécié les discours ouverts et respectueux de Laurence Parisot, Pierre Gattaz, Geoffroy Roux de Bézieux ; aujourd’hui je suis atterré par le retour à un incroyable conservatisme voire traditionaliste du MEDEF par la voix de son président Patrick Martin. Il est opposé à tout financement par les entreprises d’actions en faveur de transition écologique bien sûr il est opposé à toute taxation du patrimoine financier, il milite pour la baisse des cotisations sociales et des impôts de production et il s’oppose à toute politique sociale prônée par la « gauche » : abolition de la réforme des retraites, hausse du salaire minimum…
Son credo du moment[1] : « on ne joue pas avec l’économie », alors que l’économie, loin d’être une science exacte, n’est finalement qu’un jeu qui s’organise et se développe essentiellement sur un jeu entre des conjonctures et des hypothèses, rares sont les « lois » immuables en matière de science économique. Patrick Martin a organisé son Monopoly autour d’un groupe nommé Front économique qui réunit une soixantaine de personnes : des économistes bien particuliers et typés autour d’un engagement théorique particulièrement libéral voire pire, des dirigeants de grandes entreprises ; ce groupe « masculiniste » (80% des membres sont des hommes) ne comporte aucun représentant des syndicats des salariés. Il s’agit pour Patrick Martin et donc du MEDEF de combattre le Nouveau Front Populaire retrouvant ainsi l’antienne du patronat contre les mouvements de gauche et plus largement contre les salariés tous considérés comme travaillant insuffisamment. Ainsi il préconise la création d’un âge pivot pour les retraites afin d’inciter (de forcer) les salariés à travailler au-delà de 64 ans, restreindre l’accès à la retraite progressive, assouplir le recours aux heures supplémentaires… au bout du bout le MEDEF, qui n’a jamais digéré les lois sociales notamment la création de la Sécurité sociale en 1947 à laquelle il s’était fermement opposé, souhaite asservir les salariés comme c’était le cas au 19e siècle. On voit, comment aidé par Emmanuel Macron, il est en train d’y parvenir ; c’est donc le moment pour les citoyens de réagir contre cette tentative d’asservissement. Le patronat est donc, à nouveau, l’ennemi du peuple qui jugera des actions à mener pour se protéger.
Les vieux :
Par une incroyable falsification des travaux des économistes et des sociologues qui ont montré que les « vieux » (les boomers) disposent d’une aisance financière supérieure à celle des « actifs » ; c’est incontestable du moins pour une partie des boomers, certainement pas pour tous. Ceux pour qui c’est vrai ont bénéficié des fruits conjugués d’une situation économique favorable : les 30 glorieuses, et de leur travail : la durée du temps de travail[2] (heures quotidiennes[3], hebdomadaires et congés) était bien plus élevée jadis qu’aujourd’hui. Bayrou, suivi par la droite réactionnaire, fait des boomers des nantis, voire des voleurs : leurs économies seraient le résultat d’un rapt qu’ils auraient exécuté sur l’économie nationale. En somme ils ne méritent pas cet argent et doivent le rendre. Mais, ces dénigreurs, ces spadassins au service des riches (pour faire simple) oublient l’importance économique des boomers qui aident leurs enfants, qui consomment… Cette stigmatisation est insensée comme l’a bien souligné Édouard Philippe qu’on ne peut pas taxer d’être de gauche.
[1] Denis COSNARD, le patronat dévoile son plan pour créer un « sursaut de croissance », Le Monde, 30 septembre 2025
[2] L'évolution de la durée du travail en France depuis 1950 : L'évolution de la durée du travail en France depuis 1950 — Sciences économiques et sociales
[3] François Eymard-Duvernay, Les 40 heures : 1936 ou ... 1980 ?, Persée, Les 40 heures : 1936 ou ... 1980 ? - Persée