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Billet de blog 11 juillet 2017

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Y a-t-il encore la place pour un parti de l'écologie politique?

Après le quinquennat calamiteux de 2012, le congrès d'EELV devait être le congrès de l'autonomie retrouvée. Hélas, les résolutions prises à une large majorité n'ont pas passé l'hiver, par un tour de passe-passe dont l'équipe au pouvoir est coutumière. Exit notre candidat à l'élection présidentielle, puis signature d'un accord électoral avec l'appareil socialiste pour les législatives.

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Le résultat est connu : aucun élu. Bravo les artistes !

Le tout accompagné du départ de nombre de militant.e.s pour nulle part, tandis que certain.e.s autres manifestaient leur intérêt pour Emmanuel Macron.

Un bilan s'imposait de la part des responsables de cette situation, de façon urgente. Mais il n'a pas eu lieu, et il n'aura pas lieu, car pour eux c'est la faute à pas de chance, et à celles/ceux – dont nous sommes - qui se sont mis en travers de cette orientation mortifère. Aujourd'hui, cette même direction prépare les esprits des militant.e.s à la fusion avec les troupes socialistes que Benoît Hamon pourra rassembler autour de lui, dans la perspective de créer un nouveau parti trouvant place entre « En marche » et la France insoumise.

Ce scénario n'est pas le seul fruit des circonstances, il vient de loin, il est le résultat d'une lente dégradation du parti masquée par les succès électoraux de 2012.

Les Verts, puis EELV, sont devenus un parti d'élu.e.s et de collaborateurs d'élu.e.s, liant leur sort au parti socialiste dont ils étaient le plus proches idéologiquement et avec lequel des accords électoraux assuraient des élu.e.s. L'investissement croissant dans les institutions a conforté leur stratégie des « petits pas », traduisant en fait une ligne d' « accompagnement » du système ; la lutte pour les places a pris le dessus sur le débat politique interne, de moins en moins vivant.

Le mantra sans cesse répété « nous avons 95% en commun » a masqué l'existence de divergences de fond à l'intérieur du parti – ce qui n'est pas forcément un mal si elles sont débattues. On en a vu les résultats dans les votes de nos élu.e.s au Parlement, sur des questions aussi sérieuses que le CICE, la loi travail, l'état d'urgence. Rien de tel pour rendre notre ligne illisible. Et les départs successifs de plusieurs de nos dirigeant.e.s vers des cieux  qui leurs semblent bien plus « cléments » n'ont pas racheté la chose. La fuite en avant à laquelle on assiste aujourd'hui ne résout aucun de de ces problèmes.

On peut certes se réjouir de voir l'écologie faire son entrée dans le débat public et dans plusieurs mouvements politiques, chez Hamon récemment, dans la France insoumise depuis plus longtemps. Mais est-ce à dire que l'évolution soit si avancée que l'existence d'un parti de l'écologie politique serait désormais superflue ? Nous ne le pensons pas, mais la reconstruction d'un tel parti ne se fera qu'en rendant à l'écologie politique sa radicalité, en l'inscrivant dans une stratégie de dépassement du système économique dominant, en travaillant avec d'autres forces qui poursuivent cet objectif à la construction d'une alternative politique vers une société non capitaliste et non productiviste.

La victoire d'Emmanuel Macron, loin d'inaugurer une ère de « bienveillance » - le maître-mot de notre monarque – n'est que la poursuite des politiques menées par ses prédécesseurs. L'hégémonie de LREM à l'Assemblée Nationale, sorte de synthèse enfin trouvée entre la droite du parti socialiste et la gauche des Républicains, ne saurait masquer l'abstention record des classes populaires, qui ne se sentent pas représentées par les nouveaux élu.e.s. La classe dirigeante a son gouvernement, mais gageons que c'est une victoire à la Pyrrhus, car si l'on peut dominer par la force, diriger suppose un minimum de consentement. Les réformes annoncées ne vont pas dans ce sens.

Nous pensons que l'écologie politique a toute légitimité à continuer d’exister sur l’échiquier politique, contrairement aux propos tenus par certains de nos dirigeants depuis la victoire à la primaire socialiste d’Hamon.  Que par le projet de société qu'elle porte, elle peut tenir toute sa place dans les combats à venir. Mais cela, à condition de se remettre en cause et de dépasser ses erreurs de jeunesse. Parmi les grands défis à relever, nous voulons citer :

- s'inscrire sans ambiguïté dans la ligne d'une écologie de transformation sociale, féministe, humaniste, régionaliste et citoyenne avec sa vision globale, qui s'adressera à tous les milieux sociaux qui ont intérêt au changement, à commencer par les milieux populaires ;

- élaborer une pensée de transformation renouant avec les grands théoriciens de l'écologie et de l'émancipation sociale ;

- trouver un mode de fonctionnement non pyramidal, répondant à la formidable attente de démocratie, qui s'exprime un peu partout dans le monde.

C'est cette ambition que nous portons, qui va inspirer notre action de militant.e.s écologistes, membres ou non d'EELV, à travers l'association Ecolo-Mouvement de l'écologie politique que nous venons de créer.

Contribution d'Ecolo Mouvement de l'écologie politique 11 juillet 2017

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Vous pourrez en savoir plus sur nous en consultant notre site : mouvementecolo.eu

et si vous partagez nos objectifs, nous vous invitons à nous rejoindre (pour nous contacter : mouvementecolo@ouvaton.org ).

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