Rappelons-nous ces dernières années: 2012 avait commencé en fanfare, avec deux ministres et des groupes parlementaires et, quelques années plus tard, nous connaissions notre Bérézina.
Notre congrès de 2016 a pris alors de bonnes résolutions : fini le vain espoir d'écologiser le parti socialiste, construisons une écologie indépendante ancrée dans la société, et assez solide pour faire jouer des rapports de forces avec les autres partis !
Patatras ! Cette résolution, dont on sentait bien que tous ne la partageaient pas avec la même conviction, a vécu ce que vivent généralement les résolutions de nos congrès, l'espace d'un été. Il est vrai que le bilan de 2012 avait été vite expédié : le passé, c'est le passé, nous avons fait, sans doute, quelques erreurs, c'est vrai, mais n'en parlons plus, regardons plutôt l'avenir !
L'avenir a fini par arriver. On avait déjà senti quelques flottements au moment de désigner nos candidat.e.s aux législatives, lorsque la majorité de notre BE envisageait de reporter tout cela après les résultats de la primaire socialiste. J'avais eu l'occasion de m'en ouvrir dans le billet d'humeur que j'avais publié au débat de cette année. La victoire de Benoît Hamon a été le tournant, et la machine s'est mise en marche.
Entendons nous-bien. J'ai souhaité et je souhaite encore, comme la grande majorité d'entre nous, cet accord à trois, que veulent nos sympathisants et nombre de déçus du quinquennat qui s'achève, qui avaient voté Hollande en 2012. Cette alliance, en effet, était l'espoir, certes ténu, de reprendre la main, il était juste de la tenter. L'espoir était ténu, pas seulement pour des raisons d'égos, comme certains veulent le faire croire, mais pour des raisons profondes, car le camp de la gauche et des écologistes est traversé par des profondes contradictions, aiguisées par la période que nous traversons, entre celles/ceux qui se contentent d'accompagner la mondialisation libérale, et celles/ceux qui veulent rompre avec elle, et construire l'alternative qui va engager la transition écologique et sociale.
Oui, le discours de Hamon est sympathique ; oui, il reprend de nombreuses propositions écologistes ! Mais le programme, c'est beau ; ce n'est pourtant qu'un « chiffon de papier » sans les forces pour le mettre en œuvre. Peut-on oublier ces années de gouvernement PS, où tout y est passé en matière de trahison, non seulement des promesses, mais des valeurs qui étaient celles de la gauche. Cette politique a été soutenue sans sourciller par le PS et par la grande majorité de son groupe parlementaire (et par une partie du nôtre!).Et la plupart de ces gens, ministres, parlementaires, sont déjà réinvestis pour la prochaine mandature. Il faut être naïf, ou malhonnête, pour soutenir que les engagements du candidat Hamon, pour sincères qu'ils puissent être, seraient mis en œuvre si, par un miracle, Hamon était élu. Il n'a pas voulu, et il ne pouvait pas, rompre avec ses opposants, que l'on n'entend guère en ce moment, car il flairent encore le vent pour voir comment il va tourner.
Cette contradiction au sein de la gauche (et des écologistes) est profonde, et c'est bien la raison principale qui rend improbable la grande alliance électorale aujourd'hui. Nous ne sommes pas en 1936, poussés par les grandes mobilisations populaires. Et combien d'ouvriers et de petits employés votent aujourd'hui à gauche ou écologiste ?
Je parlais de farce tout à l'heure. Elle vise la mauvaise pièce que nous jouent depuis plusieurs semaines nos dirigeant.e.s, pour nous conduire une nouvelle fois à la remorque du PS dont, à vrai dire, nous n'avions pas encore vraiment décroché. A chaque fois, nous sommes appelés à voter sur des décisions déjà prises et largement relayées par les media. L' instance légitime du parti, le Conseil fédéral, est tenue à l'écart, son autorité est bafouée. Certes, notre secrétaire national n'est pas Napoléon le petit, mais c'est ainsi que dans le parti qui se veut le plus démocratique de France on n'hésite pas à balayer l'orientation stratégique du Congrès et à casser EELV. Eh oui, l'époque est décidément bien petite.
C'est pourquoi je voterai NON dans ce simulacre de vote. Un NON résolu, mais pas désespéré, car l'écologie n'est pas morte, elle survivra à ce qui n'est que des turbulences à l'échelle de l'Histoire. Vive l'écologie politique !