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Billet de blog 23 août 2016

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Je me souviens

A propos de la cabale contre le voile de baignade et de la décision absurde des juges administratifs

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Je me souviens

En ce temps là,

Les curés passaient dans nos rues.. .

En soutane, avec barrette ou grand chapeau.

Les cornettes en petits groupes glissaient à pas menus,

Un manchon de leur habit dérobait leurs main à la vue.

J’ai vu des religieuses enveloppées de noir

Le visage encadré d’un tissus empesé

Promener leur regard soupçonneux et sévère

Sur des enfants figées

Menées à la prière.

En ce temps là,

Des religieux en robe de bure et en sandales

Avançaient à grand pas,

Portant à leur ceinture,

Ostentatoires symboles

Un chapelet énorme au crucifix pendant.

En ce temps là,

De reposoirs en reposoirs

Les processions envahissaient

Nos voies, publiques et prosélytes,

Portant bannières et dais chamarrés

Des draps piqués de fleurs s’étalaient à foison

Aux façades des maisons.

En ce temps là,

Le Front populaire et les congés payés

Peuplaient déjà nos plages de maillots.

Par temps très chaud

Des grands-mères vénérables

Se baignaient en combinaison.

C’étaient des temps inoubliables.

On sortait d’une guerre effroyable,

Beaucoup n’en étaient pas revenus

Chacun avait encore en tête

Ses douleurs, ses morts, ses déchirures

Les trahisons subies, les disparus.

On pensait ses blessures

Des jours heureux la quête

Était ordre du jour.

Ce temps est révolu sans que

Nos édiles et nos juges s’en mêlent.

Le temps a fait son œuvre.

Les regards ont changé. La pieuvre

Des convenances ordonnées ou subies

N’enserre plus autant les ailes

De la diversité.

Comment aujourd’hui,

Aider ces femmes enclosent dans leur toile.

Comment mettre à genoux ceux qui prétendent éteindre les étoiles ?

La liberté est chose qui se gagne

Ce n’est point chose qu’on octroie

Je me souviens d’Iman jeune fille de Gaza

Il lui manquait un œil. Des soldats

De tsahal le lui avaient ravi dans la cour de l’école

Où les enfants lançaient les pierres de l’intifada.

Nous avions pu, avec d’autres enfants

Venus de Palestine, l’accueillir en Bretagne.

Elle avait quinze ans.

Ne portait pas de voile.

Le temps était très beau.

Les enfants se baignèrent.

Il fallu bien du temps

Pour qu’Iman accepta,

Toute de noir vêtu de pénétrer dans l’eau

Dans la mer,

A Saint Malo.

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