Les media britanniques et américains ont réagi de diverses manières au remplacement de Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls. Le Guardian a titré sobrement : French PM Jean-Marc Ayrault quits after Socialist local election losses, ce qui signifie donc : Le premier ministre français Jean-Marc Ayrault s’en va à la suite de la défaite des socialistes aux élections municipales. Le sous-titre est un peu moins neutre : Interior minister, Manuel Valls, named as successor as François Hollande attempts to limit damage to his leadership, lisez Le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, assure la succession alors que François Hollande tente d’endiguer les dégâts causés à son autorité. Le même Guardian a eu l’excellente idée d’ouvrir ses colonnes à notre ami Philippe Marlière, professeur de politologie européenne et française à l’université de Londres, abonné à Mediapart et auteur d’un blog connu et qui a titré son article : This French result isn't a triumph for Le Pen – but it is a drubbing for Hollande, littéralement : Ce résultat n’est pas un triomphe pour Le Pen, mais un véritable coup de matraque pour Hollande. Le sous-titre est on ne peut plus clair : Voters know the Front National leader offers little to workers, but she was up against a man regarded as 'the president of the rich', Les électeurs savent que la chef du FN a peu à offrir aux travailleurs mais elle est montée au créneau contre un homme perçu comme le président des riches.
Le Telegraph a davantage reflété la réalité que le Guardian, tout en reprenant la terminologie élyséenne : François Hollande picks a government of 'combat’ after disaster at the polls, François Hollande opte pour un gouvernement de combat après le désastre électoral. Néanmoins le sous-titre est politiquement clair et intéressant, avec la mise en exergue du mot blairite, placé entre guillemets, comme si cette référence, revendiquée par l’intéressé, à un travailliste présumé et très controversé, était plus que surprenante, presque indécente : French president François Hollande fires prime minister and appoints popular "Blairite" interior minister Manuel Valls to replace him, Le président François Hollande congédie le premier ministre et nomme, pour le remplacer, le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, « blairiste » et favori des sondages. Le Times a ignoré l’événement, ce qui, pour le groupe de Rupert Murdoch adepte de l’information achetée, est surprenant, car dans le département où Valls est élu, il y a un autre adepte de l’achat, mais de voix… Enfin l’Independent a choisi un titre plus explicite, mais sans sous-titre : France elections: Punished by voters, François Hollande fires his PM and makes a fresh start, Elections en France : Puni par les électeurs François Hollande met son premier ministre à la porte et prend un nouveau départ.
Dans la presse américaine, le NYT a fait dans le factuel descriptif : France Overhauls Its Government After Voters Rebuke Socialists, littéralement : La France remanie son gouvernement après que les électeurs ont sanctionné les socialistes. Overhaul, dans son sens premier, fait référence à la mécanique, ce qui induit une connotation péjorative. Le Los Angeles Times a simplement constaté : French president shakes up government, names new PM, after poor vote, Le président français remanie son gouvernement, nomme a nouveau premier ministre, à la suite d’un faible résultat électoral. Pas de sous-titre mais une photo de consolation avec Anne Hidalgo en « une ». Enfin le très conservateur Boston Globe, pour qui la France est aussi éloignée que les Galapagos de l’Europe, a relégué l’information en page intérieure, avec un titre repris à l’AFP, service minimum donc : Manuel Valls named as new French prime minister, Manuel Valls nouveau premier ministre.