
Photo : Steve Parsons / PA
En ce lundi 11 mars, les époux Tiberi ont eu toutes les raisons de se réjouir de ne pas être britanniques, tout comme les époux Balkany et Jérôme Cahuzac. Bien que le Royaume-Uni ne soit pas nécessairement un paradis ou une référence, surtout dans le domaine de la construction européenne, il est néanmoins un domaine, la justice, où l’on ne badine pas avec ceux qui mentent et font obstruction à la dite justice. Chris Huhne, ex-secrétaire d’état à l’énergie et au changement climatique, vient de l’apprendre à ses dépens. Il a été condamné à huit mois de prison ferme pour entrave à la justice. Son ex-épouse, Vicky Pryce a écopé de la même sentence pour faux témoignage. Tous deux ont été incarcérés à l’issue de l’audience.
Député et membre du parti que dirige Nick Clegg, le vice-premier ministre, les LibDems, Chris Huhne avait été contraint de démissionner, le 4 février dernier, au terme d’une histoire aussi rocambolesque que stupide, décrite dans un précédent billet, dans laquelle l’ex-secrétaire d’état avait tenté de nier qu’il était coupable d’un excès de vitesse, avant de l’imputer à son épouse, avec son assentiment, laquelle devenue ex- s’est vengée. Ce triste scénario digne du théâtre de boulevard a désintégré une famille, ridiculisé les LibDems, si c’était encore possible, et fragilisé un peu plus le premier ministre conservateur David Cameron, car l’emprisonnement d’un membre du gouvernement, encore en exercice il y a trois semaines, relève du livre des records, dans l’histoire politique du royaume. Selon le Guardian de ce jour, Chris Huhne s’interroge sur the apparent disjuncture between the speeding offence and the collapse of his political career, ce qui signifie la dichotomie apparente entre l’excès de vitesse et l’effondrement de sa carrière politique.
On ne peut que partager l’opportunité de cette interrogation, mais l’ex-secrétaire d’état, qui semble avoir dépensé beaucoup d’énergie pour des futilités sans pressentir le changement climatique dans lequel il se trouvait, oublie un détail d’importance. A savoir qu’il est le seul responsable de cette situation, puisqu’il a usé de tout son poids de parlementaire puis de membre du gouvernement pour étouffer les conséquences de son excès de vitesse. Si la justice de sa gracieuse majesté pourrait susciter l’admiration, puisqu’on n’ose imaginer depuis combien de temps, avec une telle efficacité pénale, certains élus français et italiens purgeraient une peine méritée. Néanmoins le caractère machiste de cette sentence n’échappera à personne : l’ex-épouse, Vicky Pryce, a d’abord fait preuve d’une discipline conjugale à toute épreuve en protégeant le conjoint élu et promis à une belle carrière, et, donc, en se sacrifiant ; puis, trompée et humiliée, elle s’est vengée en ayant recours à un tabloïde, ce qui n’est pas très noble, mais fort compréhensible. Mais qu’en fin de compte elle écope d’une sanction pénale identique à celle de son ex-mari ressemble furieusement à une double peine qui laisse pantois.