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Billet de blog 12 décembre 2013

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Les députés britanniques ne connaissent pas la crise

Les députés britanniques doivent certainement vivre dans un monde différent de celui des autres royaux sujets de sa gracieuse majesté, tout comme leurs homologues continentaux, car le caprice d’indépendance qu’ils se sont arrogé, le 8 décembre, est proprement déconcertant pour ne pas dire extrêmement choquant.

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Les députés britanniques doivent certainement vivre dans un monde différent de celui des autres royaux sujets de sa gracieuse majesté, tout comme leurs homologues continentaux, car le caprice d’indépendance qu’ils se sont arrogé, le 8 décembre, est proprement déconcertant pour ne pas dire extrêmement choquant. En effet, les députés de base des deux principaux partis, les backbenchers — métonymie qui fait référence aux bancs du fond, à la chambre des communes, sur lesquels siègent les élus qui, en règle générale, n’interviennent pas ou très peu dans les débats parlementaires ni dans les media — ont passé outre le veto de leurs leaders* respectifs, David Cameron et Ed Miliband qui en ont été fort mécontents comme le révèle le Guardian, et se sont octroyé une augmentation de 11% de leur indemnité.

Augmentation qui sera effective à partir de 2015 et qui fera passer l’indemnité parlementaire à un total annuel de 74.000 livres sterling (contre 67.000 actuellement), soit environ 7.340 € par mois, alors que, dans chaque parti, nombre de mâles déclarations ont appelé depuis plusieurs mois à cheaper politics, la politique moins chère !  Pour mémoire, dans le même temps et, bien sûr, au nom de la rigueur, l’augmentation des salaires de la fonction publique britannique a été plafonnée à 1% par les mêmes parlementaires. Si le nombre de chômeurs au Royaume-Uni est moins important qu’en France, 7,5% de la population active, il ne faut pas perdre de vue que les chômeurs de longue durée n’entrent plus dans les statistiques et, incidemment, ne bénéficient plus d’aucune aide, un héritage direct du présumé travailliste Tony Blair.

Cette situation indécente est un effet très pervers de la création de l’IPSA, Independent Parliamentary Standards Authority. Cet organisme public a été créé en 2009 à la suite des nombreux scandales des remboursements de frais des parlementaires (lire un précédent billet), qui ont eu l’incroyable culot d’inclure, dans ces mêmes défraiements, des dépenses personnelles inattendues telles qu’entre autres exemples l’entretien d’une piscine de résidence secondaire, l’achat de cigares ou d’un téléviseur à écran plat. Et dans la foulée de cette volonté de moralisation et de transparence, la chambre des communes a également décidé de confier la gestion de cet organisme aux parlementaires eux-mêmes, ainsi que la responsabilité des augmentations éventuelles de leurs indemnités. L’actualité prouve qu’ils n’ont strictement rien compris à ce que l’électorat attend d’eux, mais ils comprendront très certainement mieux au prochain scrutin.

* A la notable exception de Nick Clegg qui a approuvé le vote et qui, décidément, comme le petit bonhomme solitaire des dessins de Sempé, ne fait jamais rien comme les autres…

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