Xavier Darcos ne se voulait pas ministre de l'hésitation nationale mais l'est devenu, comme le souligne Claude Lelièvre. Quel souffle de zèle sarkozyste excessif a donc poussé sous les feux des projecteurs cet homme apparemment affable, dont le parcoursjusqu'à son poste de ministre était celui de ce que l'on appelle communément et pompeusement un grand serviteur de l'Etat plutôt que celui de militant acharné puis de groupie en adoration devant son mentor ?
Professeur agrégé de lettres classiques, l'actuel ministre a commencé une carrière d'enseignant à Périgueux, pour la continuer à Bordeaux puis à Paris. Il a été inspecteur général de l'éducation nationale, directeur de cabinet de François Bayrou, lorsque ce dernier était ministre de l'éducation nationale, conseiller pour l'éducation d'Alain Juppé à Matignon, et enfin doyen de l'inspection générale. Si l'on ajoute qu'il a commis quelques ouvrages, c'est un parcours que l'on pourrait qualifier de fort respectable. Néanmoins, deux petites zones d'ombre apparaissent dans le parcours de ce gentleman.
En 1982, alors qu'il enseignait dans un lycée de Périgueux, Xavier Darcos fut invité à participer à une commission de choix de sujets pour l'épreuve de français du baccalauréat, ce qui arrive souvent dans une vie d'enseignant du secondaire, et dans ces cas-là l'administration insiste sur la nécessaire impartialité des commissaires. Or, une fois l'épreuve passée, une rumeur se répandit dans Périgueux, selon laquelle certains candidats, dans le lycée de M. Darcos, auraient eu le bonheur de plancher, quelques jours auparavant dans leur classe, sur un des sujets retenus. Les accusations de fuite prirent une telle ampleur que le recteur fit annuler l'épreuve, lança une enquête administrative, et une plainte fut finalement déposée contre Xavier Darcos.
L'enquête révéla que ce dernier avait effectivement fait travailler ses propres élèves sur un sujet similaire à l'un des trois retenus. La justice, dans un jugement d'une grande clarté, considéra que c'était le hasard et relaxa l'actuel ministre. Quant à la hiérarchie éducative, elle ne fit pas preuve de plus de sévérité, puisqu'à la rentrée suivante, Xavier Darcos se retrouva au Lycée Montaigne de Bordeaux, avec la responsabilité des classes préparatoires. Il y a pire et plus cruel comme sanction. A la même période, en octobre ce sont quelques 700 candidats qui durent repasser leur épreuve de français à Périgueux. Si l'on ajoute à ceci que l'actuel chef-adjoint de cabinet du ministre n'est autre que sa jeune épouse, on peut dire en conclusion que rendre l'éthique aussi étique, c'est assez toc.