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Billet de blog 22 mai 2011

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Les limites du syndrome de l'homme providentiel

La ténébreuse et pénible affaire du Sofitel de New York a monopolisé l'attention des media du monde entier jusqu'à la nausée, donnant à croire que le reste du monde n'existait plus; elle a engendré une désolante solidarité machiste à l'intérieur et à l'extérieur du PS, jusqu'à la nausée aussi.

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La ténébreuse et pénible affaire du Sofitel de New York a monopolisé l'attention des media du monde entier jusqu'à la nausée, donnant à croire que le reste du monde n'existait plus; elle a engendré une désolante solidarité machiste à l'intérieur et à l'extérieur du PS, jusqu'à la nausée aussi. Elle a apporté la preuve que la cinquième République est arrivée au bout de sa logique absurde, qui veut que le système politique d'une démocratie repose entièrement, toujours jusqu'à la nausée, sur les épaules d'un seul individu; elle a démontré que le système des primaires du PS, calqué sur le système américain était une calamité; et enfin elle a confirmé que la fabrication de l'image ne peut, en aucun cas, se substituer au débat d'idées.

La cinquième République, sous sa forme actuelle, a vécu, c'est une évidence et il est grand temps de redonner force et vigueur au débat et à l'idéologie. De même qu'il est grand temps également de renvoyer à la publicité les fabricants d'images, ceux qui, de la force à la farce tranquille, ont travaillé ardemment à remplacer le fond idéologique par l'image vaine, éphémère et dénuée d'intérêt, à la seule gloire d'un individu au détriment d'une représentation collective. Le triste constat, en 1967, du philosophe et spécialiste de communication canadien, disparu en 1980, Herbert Marshall McLuhan, The Medium is the Massage : an Inventory of Effects, montre que le mal en question sévit depuis plus de cinquante ans. Les analyses d'autres spécialistes des media, tels que Norman Fairclough et Noam Chomsky, ont confirmé cette tendance.

Comme la présumée démocratie française est toujours dans la même logique depuis 1958, la République est confisquée au profit d'un seul individu. Et cette situation singulière est aggravée depuis 2007, puisque le pouvoir législatif est réduit à l'état de chambre d'enregistrement des décisions de la présidence, le pouvoir judiciaire, censé être indépendant, est soumis au bon vouloir du pouvoir exécutif, lequel est exclusivement entre les mains du président en exercice. Les dérives ont été décrites dans le dernier ouvrage d'Edwy Plenel, Le président de trop, plus particulièrement dans le chapitre 4, intitulé La grande loterie du bonapartisme : ‘Avec Nicolas Sarkozy, la France croyait avoir élu un président. En quelques jours à peine, elle a découvert un gagnant du loto.

Donc que l'état-major du Parti Socialiste accepte ce système qui relègue la confrontation idéologique et le choix de société aux oubliettes de l'histoire et qui se conforme à un mode analogue,dans le meilleur des cas, à un concours de beauté, dans le pire, à un comice agricole est proprement consternant. Il existe, cependant, au sein de la gauche française la Convention pour la 6èmeRépublique, animée, entre autres, par Paul Alliès, et qui entend faire sortir la République du carcan individualisé actuel. Se conformer, comme le fait le PS, au système américain des primary elections est une autre incongruité, puisque, en l'occurrence, les électeurs choisissent un individu et non pas un programme détaillé. Or le dit PS dispose d'un programme, adopté récemment par les différentes sections et dont on parle peu. Imaginer que ce programme soit au cœur du débat politique, promu par un groupe au service d'un groupe et non d'un seul individu ne relève pas de l'utopie, mais d'une conception saine de la démocratie.

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