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Billet de blog 27 septembre 2016

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Journalisme de complaisance

Laurent Mauduit a détaillé les méfaits du journalisme de connivence et du journalisme de complaisance, dans son dernier ouvrage "Main basse sur l'information". France Inter a donné un exemple précis de la complaisance dans le journal de 7h30 de ce matin.

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Mardi 27 septembre, sur les ondes de France-Inter, le journal de 7h30 présenté par Hélène Roussel commence par ce titre qui aurait dû engendrer un développement complet et éclairer utilement l’auditeur : « Trois super-flics mis en examen. » On apprend que parmi les trois figure Bernard Squarcini (qu’il est désormais inutile de présenter…) mais rien d’abord sur les deux autres qui ne seront pas nommés immédiatement. Mais l’information devient étonnante pour ne pas dire surréaliste lorsque la journaliste ose ce sous-titre qui ne relève plus du tout de l’objectivité attendue sur une radio publique nationale : « Mais que fait le Squale (surnom de Bernard Squarcini) dans cette affaire ? ».

Le présupposé de cette question très tendancieuse et en aucun cas innocente est que ce brave  citoyen au-dessus de tout soupçon, qu’est Monsieur Squarcini, serait importuné par la justice (aurait-il eu à répondre à « deux dames » lui aussi ?). Si ce qui est reproché à Bernard Squarcini est énuméré rapidement, du trafic d’influence à l’affaire du financement libyen (pudiquement qualifié de « présumé ») de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, en passant par les cercles de jeux parisiens, dans le cadre d’un survol extrêmement rapide au terme duquel le second super-flic sera nommé (Michel Roussin) mais pas le troisième, rien n’est approfondi clairement. Et le pire en matière d’information reste à venir avec cette interrogation ahurissante : « Les trois sont des proches de Nicolas Sarkozy. Faut-il y voir un lien ? »

Donc il convient de traduire en bon français de propagande pour le citoyen qui est en train ou vient d’avaler son petit-déjeuner avant de partir au travail : trois honnêtes fonctionnaires de police sont inquiétés par la justice uniquement parce que ce sont des amis de Nicolas Sarkozy. Une telle pratique du journalisme, annoncée dans un précédent billet, est inquiétante et augure fort mal de la primaire de droite et de la future campagne présidentielle sur les ondes de Radio France.

Chacun connaît la célèbre définition du journalisme de George Orwell, Journalism is printing {en l’occurence broadcasting} what someone else does not want printed: everything else is public relations.

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