Jean-Louis Mohand PAUL

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Billet de blog 9 décembre 2023

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Et si le Hamas se rendait ?

C’est ce que firent combien d’«armées » au sens classique lorsqu’elles étaient encerclées par une offensive hostile supérieure. Dans le but louable d’épargner leurs populations civiles.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On évoque beaucoup la « disproportion » de la « réponse » d’Israël à Gaza après les pogromes du 7 octobre. On s’arrête à la mesure objective des déchaînements technico-destructeurs et au nombre de victimes, parmi lesquelles une majorité de civil.e.s et d’enfants, et une forte part de guerriers (soldats du Hamas ou sympathisants actifs). 

Aussi pacifiste soit-on, il faut connaître que la guerre a ses logiques tactiques et stratégiques. Les bombardements préalables à l’entrée de troupes israéliennes dans Gaza anticipaient une question qui n’a pas transparu dans les commentaires en Occident : comment des commandos de fantassins allant chercher les militaires campés dans des souterrains auraient-ils été reçus au milieu d’une population adverse ? Des combats de rues généralisés, des tireurs isolés, sans doute bien plus de morts encore parmi les Gazaouis.

Analyser n’est pas justifier. Et comprendre des dimensions effectives n’est pas anathématiser. Lorsque la population bouclier de Gaza-Ville est descendue vers le sud, l’armée du Hamas n’a pas tenu ce terrain-là en attendant bravement l’ennemi. Elle est partie en «civil » avec son bouclier. Les « résistants » se sont éclipsés en s’imposant (par des rackets et y compris par des tirs) aux fugitifs. Depuis la fin de la « trêve » (peut-être causée par le fait que le Hamas n’avait plus d’otages présentables à échanger), les avancées d’Israël vers le sud mettent davantage en avant des troupes au sol. Peut-être parce que les bombardements intensifs n’apportent pas non plus la solution tactique souhaitée. Peut-être parce que les États occidentaux, qui ne sont sûrement pas « complices » d’Israël, et visiblement bien contrariés dans leurs relations avec le monde arabe notamment, réfrènent Tsahal.

Si donc le Hamas se rendait, en guerrier émérite, déposait les armes inutiles, directement factrices de la destruction en cours ? Ses guerriers seraient prisonniers de guerre. Des responsables seraient jugés pour les crimes effarants commis dans l’assaut du 7 octobre. « Sa » population gazaouie recevrait davantage de secours humanitaire et qui voudrait s’attacherait à reconstruire. Il ne manquera pas de bailleurs de fonds. Ce serait une ébauche de paix. 

Oublier cette potentialité logique en termes de conflits militaires revient à « soutenir » l’aveuglement criminel du Hamas comme s’il était la « résistance » palestinienne. Quoi qu’il en soit de celle-ci (résistance à quoi ? est une question complexe, et pour partie la réponse est à l’existence d’Israël ?), elle accéderait au-delà du despotisme Hamas dont il lui fallait de longtemps s’émanciper. 

S’il ne prend pas le chemin de la reddition, c’est parce que le Hamas tire davantage de pouvoir des destructions objectives : il est de ces régimes bureaucratico-militaires qui ne s’accumulent périodiquement que sur les ruines.

Et bien, soutenir pour elle-même la population palestinienne, exiger ou espérer la paix israélo-palestinienne, c’est en premier lieu les distinguer radicalement du pouvoir Hamas, dénoncer tout ce qui le renforce et le soutient. Et pour avancer vers la paix entre deux peuples en guerre, n’en soutenir qu’un seul marque une partialité illogique et vaine.

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