Un enfant roué de coups par deux grands, deux jeunes d’une quinzaine d’années, deux imbéciles, deux voyous immatures et irresponsables, c’est malheureusement assez banal. Mais à Sarcelles, l’enfant a huit ans et il porte une kippa, un affichage innocent pour la petite victime mais qui revendique une différence, un signe religieux sensible dans des banlieues affectées par le repli identitaire et le communautarisme. L’agression est gratuite, elle ne peut être expliquée autrement que par cette différence bien visible, ostentatoire. La violence injustifiée, et injustifiable, est donc marquée immédiatement au fer rouge de l’infamie raciste. Cela ne fait pas de doute, c’est une évidence. Le parquet retient, sans preuve, le mobile antisémite. Selon les médias, « La communauté juive est en émoi ». Pour le président de la république, l’affaire est si grave qu’il éprouve la nécessité de tweeter sa compassion et sa colère : « Un petit garçon de 8 ans a été agressé aujourd’hui à Sarcelles. Parce qu'il portait une kippa. À chaque fois qu’un citoyen est agressé en raison de son âge, de son apparence ou de sa confession, c’est toute la République qu’on agresse. » « Et c’est toute la République qui se dresse particulièrement aujourd’hui aux côtés des Français de confession juive pour combattre avec eux et pour eux chacun de ces actes ignobles ».
Soit, mais combien de jeunes noirs, combien de jeunes musulmans, combien d'autres jeunes Francais, se font agresser quotidiennement sans justification, dans un grand silence médiatique et sans tweet présidentiel ?
Comment expliquer cette différence de traitement ?
Et quelle curieuse conception de la justice que de conditionner automatiquement, dans un pays laïc, la nature de l’acte à la religion de la victime !
Tout le racisme du monde ne se concentre pas sur la communauté juive. Et la compassion inégale ne peut qu’engendrer de l’incompréhension, du ressentiment ; elle ne peut qu’aviver encore plus le fossé entre les différentes communautés. Le tweet d’Emmanuel Macron est terriblement contre-productif et nuit à la cause qu’il entend servir ; en fait, il agresse la République.
On attend désespérément une réaction présidentielle face à la violence incroyable dont fait preuve son ami Netanyahou vis-à-vis d’Ahed Tamimi et de tous les mineurs palestiniens emprisonnés et soumis à des interrogatoires musclés dans les geôles israéliennes, dans le plus grand mépris des conventions internationales ( lire ici)
Tous les enfants, tous les mineurs ont droit au même respect et à la même protection quelles que soient leur couleur de peau, leur religion, leur nationalité.