Jean-Luc GASNIER
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Billet de blog 1 févr. 2023

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Il faut gagner, et tous ensemble !

Car tout le monde sait bien que derrière leurs chiffres, il n’y a qu’une volonté, qu’un dessein, qu’un seul véritable projet  : celui de faire davantage de  profit avec nos vies.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Partout en France ce mardi 31, les cortèges ont été massifs et encore plus étoffés que le 19 janvier. Un million et demi, deux ou trois millions, les chiffres diffèrent comme d’habitude selon les sources.  Peu importe, le mouvement de protestation prend de l’ampleur mais le gouvernement reste inflexible, le recul de l'âge de la retraite et l’allongement de la durée de cotisations, “çà n’est plus négociable” selon Elisabeth Borne. Cela ne l’a jamais été mais qu’importe, toute la Macronie, raide comme un coup de trique, continue de faire semblant d’avoir le souci de la démocratie tout en s’apprêtant à mettre en oeuvre des procédures qui permettront de museler totalement les oppositions et de clore le débat. L’Assemblée nationale examine désormais ce “projet de justice, d’équilibre et de progrès” qui résulterait d’un compromis avec les syndicats. Le pouvoir n’acceptera de modifier son texte qu’à la marge avec au besoin quelques amendements cosmétiques afin de rallier les députés LR. Les ministres de Macron continuent, comme des robots programmés, à vendre cette grande régression “indispensable” avec des arguments qui heurtent le simple bon sens.  Mais peut-être doivent-ils continuer à faire de la pédagogie pour nous permettre d’être 3 ou 4 millions dans la rue  la prochaine fois !  Car, bêtes et méchants, ils sont en train de se faire hara-kiri, la tête toute farcie des valeurs d’une bourgeoisie d’affaires très soucieuse de valoriser le travail à condition qu’il soit au moindre coût.  Plus ils expliquent leur contre-réforme et plus ils s’enfoncent, s'embourbent, s'enlisent. Il n’ y a plus personne pour les comprendre, ils sont seuls, ils ne représentent qu’eux-mêmes et essayent désespérément de se sortir de ce bourbier à la façon du baron de Münchausen qui selon la légende se tirait  lui-même par les cheveux pour s’extirper des sables mouvants et se sauver de la noyade.

Car tout le monde sait bien que derrière leurs chiffres, derrière  leurs indicateurs, derrière  les tableaux Excel de Mc Kinsey avec lesquels ils nous parlent de dette publique et de faillite financière, il n’y a qu’une volonté, qu’un dessein, qu’un seul véritable projet  : celui de faire davantage de  profit avec nos vies. Le capitalisme veut en extirper tout le suc, toute la force vive, pour ne nous laisser, en bout de course, que les faiblesses et les douleurs de l’âge de la dépendance qui constituent aussi un marché lucratif pour tous les vautours des fonds de pension.

Non, nos vies ne doivent pas être uniquement des ressources disponibles jusqu’à l’épuisement.

Le débat autour de ce projet inique est vraiment un débat existentiel. Il va donc falloir continuer à résister ardemment et le faire ensemble !  La lutte syndicale et les autres formes de résistance doivent faire cause commune. Les manifestations dans la rue et l’opposition des députés de la NUPES au parlement préparent et renforcent la légitimité des grèves et des blocages décidés au niveau des fédérations dans les entreprises. Il est d'ailleurs temps pour les syndicats de faire un peu de politique : les syndicalistes signataires de la Charte d'Amiens avaient pour ambition de transformer radicalement la société à partir des luttes syndicales de terrain. L'indépendance syndicale mise en avant à l’époque était perçue comme la garantie de ne pas polluer la lutte ouvrière et son ambition révolutionnaire par des compromis avec une démocratie représentative considérée comme relativement défaillante et susceptible aussi de diviser l'unité syndicale. La Charte d'Amiens avait en fait un objectif politique puissant, il est donc paradoxal de l’invoquer aujourd'hui afin de cloisonner les luttes alors qu'il est évident pour tout le monde qu'en descendant dans la rue les syndicats font aussi, et c’est heureux, de la politique. Car si le syndicalisme n'était plus qu'un outil de défense d'intérêts catégoriels ou corporatistes dans un cadre politique imposé, il trahirait en fait cette charte fondatrice de l’indépendance syndicale.

Aujourd’hui, la politique de Macron détruit et accapare nos vies. La lutte politique doit s’appuyer sur le syndicalisme et la lutte syndicale devient politique. 

Une chose est absolument certaine : le gouvernement n’est pas encore disposé à céder, c’est aussi une question d’autorité paraît-il. 

Alors, une épreuve de force et une course de vitesse sont engagées.  Il faut gagner, et tous ensemble !

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