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Billet de blog 1 avril 2018

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Libertés

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Face à l’obscurantisme et à l’enfermement que représente le fanatisme religieux, face au terrorisme,, la liberté est aujourd’hui célébrée par tous les responsables politiques. Après l’attentat de Trèbes, après chaque attentat, elle  est convoquée à toutes les cérémonies, érigée comme un rempart face à l’état islamique.  C’est la première valeur de la devise de la République,  une aspiration commune brandie comme un étendard.

Mais de quelle liberté nous parle-t-on ?  Nos sociétés sont-elles réellement  garantes de la liberté et de l’émancipation humaine ?

Au XIX ème siècle,  les philosophes libéraux se préoccupaient avant tout de promouvoir les libertés individuelles ; aujourd’hui leurs disciples économistes ne semblent plus se soucier que de la  liberté du marché, promue au rang de liberté fondamentale.  La libre circulation des marchandises est, on le sait, un des principes essentiels  du marché unique européen ; les différents traités commerciaux de libre échange, signés ou en cours de négociation, tels que le CETA, le JAFTA, le  traité avec les pays signataires du Mercosur, etc, se placent dans cette optique.  Parallèlement,  la libre circulation des hommes est de plus en plus encadrée, limitée, et les autres libertés deviennent de plus en plus formelles. Partout des barrières administratives et des murs se dressent pour tenter de faire obstacle à des déplacements d’hommes et de femmes souvent provoqués par les excès et les dérives d’un commerce international de marchandises qui profitent essentiellement aux grandes firmes des pays  riches. Les accords de partenariat économique (APE) entre l’UE  et les pays des  régions Afrique, Caraïbes et Pacifique (pays dits ACP) sont particulièrement nocifs car ils contribuent à déstabiliser les pays d’Afrique et à les empêcher d’accéder à la souveraineté alimentaire. Ces accords permettent en effet aux denrées agricoles européennes - qui sont largement subventionnées par le biais de nombreuses aides - d’être exportées vers l’Afrique à des prix de dumping. L’exode rural africain, résultant en partie de cette nouvelle forme de colonialisme, grossit les flux de migrants vers l’Europe.

Dans le même temps, et avec bonne conscience, nous vendons « librement » nos armes aux pays du Moyen-Orient, nous appuyons militairement bon nombre de  régimes dictatoriaux,  nous soutenons la politique criminelle de l’Etat d’Israël, nous reconnaissons à la Turquie, par le voix de Jean-Yves Le Drian,  le droit de protéger ses frontières contre les terroristes kurdes qui sont pourtant en première ligne face à l’état islamique,  et nous laissons Erdogan  massacrer des populations civiles innocentes. Bref, nous contribuons à déstabiliser les pays du sud de la Méditerranée et à alimenter d’autres migrations, d’autres exils forcés.

Et, confrontés à cette  détresse humaine, l’UE se claquemure dans son espace Schengen  avec une terrible fermeté et  l’assurance inébranlable d’être dans son bon droit.  Il y a quelques jours, un bateau espagnol  appartenant à l’ONG « Open  Arms » a été arraisonné  par les gardes-côtes italiens pour avoir refusé de livrer des migrants aux autorités libyennes. Désormais, pratiquement tous les bateaux des ONG susceptibles de porter secours aux réfugiés sont immobilisés et  sous séquestre, laissant le champ libre à la police pour opérer des tris sélectifs. Une forme de barbarie sécuritaire se propage et touche  l’ensemble des forces de police des états européens.  La France, pays des droits de l’homme, n’est évidemment pas en reste et notre gendarmerie nationale mène une chasse impitoyable aux migrants y compris aux mineurs, ne leur reconnaissant aucun droit ( Lire ici).

 Les attentats ne vont rien arranger : la peur de l’autre est là, répandue dans l’opinion publique par les médias ;  les bateaux transportent des hommes en provenance de l’Afrique du Nord, des  djihadistes  et des assassins potentiels. 

Le capitalisme mondialisé plonge la planète dans un état de stress et d’insécurité permanent qui  impose peu à peu sa logique sécuritaire tandis que  la liberté que nos sociétés occidentales  défendent  est avant tout la liberté des puissants d’imposer une politique correspondant à leurs seuls intérêts.

Nous célébrons cette année le cinquantième anniversaire de mai 68. A l’époque, la jeunesse s’était mise en mouvement pour sortir du carcan gaulliste et réclamer plus de libertés. Aujourd’hui, la dérive totalitaire du marché libre menace tous les acquis de cette période.

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