Avec une équipe gouvernementale dirigée par Elisabeth Borne, le second quinquennat d’Emmanuel Macron, marqué paraît-il du sceau de l’altérité, ne semble pas devoir être animé par la recherche du dialogue et de la concertation, mais, à l’instar du précédent, par une communication en trompe-l’oeil comme le démontre le premier déplacement présidentiel à l’hôpital de Cherbourg. Lancer une mission d’information sur les urgences et programmer à partir du mois de juillet une grande conférence sur la santé alors que les maux dont souffrent l’hôpital public sont connus et ont déjà été archi-débattus relève de l’imposture.
Mais, après tout, pourquoi changer de méthode avec un bilan aussi satisfaisant ?
Les passations de pouvoir dans les ministères ont donné lieu à des discours d'auto-congratulation et de félicitations surréalistes. Tout va pour le mieux et le pays est conduit d’une main de maître !
D’ une main de fer également. . . Les médias étrangers en ont certainement rendu compte au travers des reportages sur les incidents survenus au Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions. . .
Ce nouveau mandat débute vraiment dans la continuité du précédent. Le matraquage et le gazage inconsidérés des supporters anglais aux abords du Stade de France n’est pas un événement anodin mais ce n’est malheureusement pas non plus un événement extraordinaire sous la présidence d’Emmanuel Macron. Il rend compte d’une forme de phobie du peuple qui anime la petite caste dirigeante et du danger qui en résulte de participer, volontairement ou involontairement, à des mouvements de foule jugés inopportuns par les forces de l’ordre. La gestion de cet événement illustre la dérive du maintien de l’ordre en France. La fébrilité ainsi que le manque de professionnalisme et de contrôle des agents de la force publique contribuent bien souvent à ajouter de la violence à la violence au lieu de ramener le calme. Il y a bien longtemps que les gardiens de la paix ont disparu de la voie publique pour être remplacés par des policiers formés avant tout à la répression. Le discours invraisemblable des autorités, et notamment du préfet Lallement et du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, au sujet des circonstances et de la gestion de cet incident constituent un sérieux avertissement pour toutes les oppositions. Avant même de disposer de toutes ses armes, le régime envoie des signes particulièrement inquiétants. Emmanuel Macron est déjà installé dans sa tour d’Ivoire, imperméable à toute critique, sûr de son bon droit, prêt à prolonger son exercice solitaire du pouvoir et à réprimer durement toute contestation, quitte à justifier les exactions de sa police a posteriori. Le macronisme ne peut être apprivoisé, c’est un régime sauvage (au sens étymologique du terme) car il se déploie sans avoir été véritablement installé par la volonté d’une majorité de Français et il s’appuie sur de véritables brutes sans scrupule comme le préfet Lallement. Les sauvageons sont aussi dans les palais nationaux.
Même s’il laisse quelques portes entrouvertes sur des sujets épineux comme la réforme des retraites le temps de la campagne des législatives, Emmanuel Macron n’a pas changé et nous avons un avant-goût du quinquennat triomphant et dominateur qui ne manquera pas de s’installer si Jupiter bis obtient sa majorité parlementaire le 19 juin prochain. Tout un florilège de mesures désastreuses au plan social et environnemental attendent dans les cartons ce laissez- passer, le pouvoir disposera alors de toute la légitimité institutionnelle requise pour manoeuvrer à sa guise. Il est donc absolument nécessaire de l’entraver, de le restreindre afin de limiter sa dangerosité. Même si la campagne des législatives est courte, même si les médias traitent avant tout de l’actualité sportive et de la guerre en Ukraine, les erreurs et les déboires de l’équipe en place entretiennent l’espoir. Demain, la résistance est possible.