Depuis le 7 octobre, de nombreux commentateurs ainsi que des dirigeants politiques occidentaux ( Joe Biden en particulier) n'hésitent pas à établir un parallèle entre la Shoah et l’attaque du Hamas qui a fait 1400 morts israéliens. Le Hamas est volontiers qualifié d’organisation nazie pour avoir précipité des kibboutz israéliens dans un carnage médiatisé.
Aujourd’hui, en représailles, l’armée israélienne se livre à un massacre d’une toute autre ampleur, massacre qui se déroule et s’amplifie sous les yeux de la communauté internationale. Un territoire peuplé de plus de deux millions d’habitants est soumis à un blocus quasiment total tout en étant bombardé sans interruption. Des milliers de gazaouis dont en majorité des femmes et des enfants sont déjà morts, écrasés, déchiquetés, pulvérisés. De nombreux blessés ne peuvent plus être soignés ni soulagés car les hôpitaux, également bombardés, manquent de tout.
Comment nommer cette tuerie et qualifier son principal responsable qui refuse toujours le cessez le feu en restant totalement insensible au martyre des populations civiles et en annonçant que “l’opération” pourrait prendre des mois ?! Comment qualifier un Premier ministre qui mène depuis des années une politique ouvertement raciste, suprémaciste et qui est déterminé à chasser les Palestiniens de leur territoire afin de constituer le Grand Israël ?
Les dirigeants occidentaux choisissent de ne pas nommer, ils regardent ailleurs, ils se tournent vers les familles israéliennes endeuillées, ils ne veulent voir et considérer que le premier crime, ce qu’ils considèrent comme l’origine du mal. Leur empathie est sélective et ils ne veulent surtout pas indisposer un ami et un allié dans la lutte contre le terrorisme. Les victimes palestiniennes ne sont pas des victimes comme les victimes du 7 octobre, ce ne sont pas des vies enlevées, ce sont des dommages collatéraux, des on-ne-peut-pas-faire-autrement , un prix à payer pour une action de salut internationale. Sans le formuler aussi explicitement, ils sont en accord avec Caroline Fourest qui considère très sereinement qu’ « on ne peut pas comparer le fait d’avoir tué des enfants délibérément comme le Hamas, et le fait de les tuer involontairement comme Israël »
La conscience est frappée d’hémiplégie, le langage est cadenassé aux normes de ceux qui imposent leur loi, la loi du plus fort, du mieux armé.
Mais tous les cerveaux ne sont pas encore formatés et l’humour, la caricature aident parfois à faire sauter les verrous et à dépeindre une situation en faisant tomber les barrières érigées par les médias dominants..
Guillaume Meurice a osé nommé les choses dans le cadre de sa chronique humoristique dans l’émission “ le grand dimanche soir” sur France Inter. Il a dépassé les bornes fixées par nos bien-pensants totalitaires en faisant une plaisanterie sur Netanyahou et en suggérant que s’il existait en cette période d’Halloween un déguisement Nétanyahou, ce serait “une sorte de nazi sans prépuce “.
Evidemment, les réactions n’ont pas tardé; En voici quelques exemples :
- Gilles-William Goldnadel, sur C News :
«Ça devient une spécialité du service public de nazifier les juifs”
- Julien Bahloul, journaliste franco-israélien a tweeté :
“Nous venons de vivre l'un des pires pogroms anti-juifs depuis la Shoah et tout ce que tu trouves à dire c'est de qualifier le Premier ministre de l'Etat juif de "nazi sans prépuce" ?
Des bébés égorgés, des femmes éventrées, des familles brûlées, des femmes violees...
Ça te fait rire ? Tu te crois drôle ?
Ça te fait rire le pogrom ?
Quand on n'a pas le talent de Charlie Hebdo, il est préférable de se taire.
On ne pourra pas me soupçonner d'être un militant pro-Netanyahu.
Mais entre mon Premier ministre et des ignobles propos de péteux bobos qui se croient drôles en dansant sur notre sang et nos cendres, je serai toujours du côté du Premier ministre de l'Etat juif. “
- Meyer Habib, député des Français de l’étranger (apparenté LR et élu de la circonscription qui comprend Israël) a tweeté sur X que « le service public est truffé d’antisémites » et que Guillaume Meurice est un « héritier de Je Suis Partout ( journal d’extrême droite né dans les années 30) et de la pire presse antisémite ».
Tout comme la Shoah, le drame du 7 octobre est désormais instrumentalisé pour justifier, légitimer les pires horreurs.
Une espèce d’hystérie malsaine et de fanatisme idéologique ou religieux s’empare d’une certaine communauté juive qui ne supporte pas la critique d'Israël.
Benyamin Netanyahou est un voyou corrompu poursuivi par la justice et un criminel de guerre, mais pour certains c’est avant tout un juif, chef du gouvernement israélien. Du coup, tout dérape, tout se mélange. Et les amalgames deviennent monstrueux, faisant monter l’incompréhension et la haine.
Les plus grands propagateurs et propagatrices de l' antisémitisme sont celles et ceux qui confondent condamnation de la politique criminelle d'Israël et antisémitisme. Ils accréditent l'idée que tous les juifs sont solidaires d'un État raciste et fasciste parce qu’il s’agit d’un État juif et donc condamnables et haïssables en tant que juifs.