L’actualité démontre chaque jour davantage qu’il existe dans notre pays deux urgences absolues : changer de République et abandonner le plus vite possible la filière nucléaire, deux urgences parmi d’autres mais qui constituent des priorités car elles représentent un déni permanent de démocratie. Changer de République supposerait l’émergence de gouvernants d’un nouveau type susceptibles d’entreprendre et de mener à bien un effort remarquable d’auto-dépossession : restreindre, limiter un pouvoir qui structure actuellement toute la vie politique et qui constitue le graal de toutes les grandes ambitions ne va pas forcément de soi. Renoncer à la production d’électricité d’origine nucléaire impliquerait également un changement profond de mentalités au sommet de l’appareil d’Etat et de rompre notamment avec des modes de fonctionnement, liés à notre tradition élitiste et jacobine, qui entraînent la mainmise de secteurs stratégiques par une petite oligarchie de technocrates qui jouent aux dés avec le destin de la population.
Le parti socialiste qui se présente volontiers comme la seule alternative crédible au gouvernement actuel est-il en mesure d’imposer et de s’imposer ce type de changement ?
Le « troisième tour » des cantonales n’incite pas à l’optimisme. L’attitude du PS et de ses élus à cette occasion illustre toute la nocivité d’un système qui corrompt l’engagement citoyen et pervertit toutes les ambitions. Les élections de certains présidents de conseils généraux socialistes semblent avoir été bien souvent influencées, polluées par des considérations et des stratégies qui s’inscrivent dans le cadre de la course à l’investiture suprême, démontrant ainsi que le PS demeure avant tout un parti de pouvoir (ce qui n’est pas la même chose qu’un parti de gouvernement). Ainsi, la réélection de Jean-Noël Guérini à la présidence du Conseil Général des Bouches du Rhône - alors que de terribles soupçons de prévarications pèsent sur sa personne- est particulièrement choquante : à l’évidence, le PS préfère sacrifier ses valeurs, ses convictions déclarées, sur l’autel des réalités politiques. Dans le cadre du processus des primaires, les ambitieux ne sont pas prêts à abandonner les voix d’une des plus puissantes fédérations du PS et Jean-Noël Guérini peut donc jouer les fanfarons, la quête du pouvoir le protège.
Le succès de François Hollande en Corrèze ouvre enfin à cet ancien premier secrétaire les portes de la compétition. Le candidat s’était fixé ce point d’étape préalable, ce passage obligé dans son parcours vers les Présidentielles. Cette réélection lui assure un surcroît de légitimité démocratique et une sorte d’onction populaire avant le début des hostilités. Même si le contexte est totalement différent, une élection est instrumentalisée et détournée de son objectif propre. Cette préparation mentale et psychologique se double d’ailleurs d’une préparation physique : l’homme a changé, il veut désormais correspondre à l’image du Président François Hollande, à l’image sublimée de l’homme incarnant le pouvoir. Le visage est plus affûté, plus sombre, taillé pour la Présidence. Et l’on ne sait plus trop s’il convient d’admirer ou de craindre cette disposition d’esprit . . . Un homme qui s’impose une telle discipline pour satisfaire son ambition saura-t-il, une fois installé sur le trône, renoncer à certaines prérogatives, rogner un pouvoir si ardemment désiré ? Le doute est permis.
Ces deux exemples montrent assez clairement qu’il est aujourd’hui difficile de parier sur le PS pour bousculer les institutions de la Vème République.
Quant à la remise en cause du nucléaire, les esprits évoluent mais les ténors restent divisés :
« Autant je suis favorable au débat, autant je suis favorable à l’exigence de sécurité et de transparence, autant sur la sortie du nucléaire, ce n’est pas aujourd’hui la réponse » François Hollande à Grigny le 15/03/2011 « Je crois qu’il faut sortir du nucléaire […]. Il faut y aller, ça va être sur vingt ou trente ans. » Martine Aubry sur Canal + le 21/03/2011 Souhaitons que le programme du PS tranche résolument la question. Jean-Luc Gasnier DécalagesL’actualité démontre chaque jour davantage qu’il existe dans notre pays deux urgences absolues : changer de République et abandonner le plus vite possible la filière nucléaire, deux urgences parmi d’autres mais qui constituent des priorités car elles représentent un déni permanent de démocratie. Changer de République supposerait l’émergence de gouvernants d’un nouveau type susceptibles d’entreprendre et de mener à bien un effort remarquable d’auto-dépossession : restreindre, limiter un pouvoir qui structure actuellement toute la vie politique et qui constitue le graal de toutes les grandes ambitions ne va pas forcément de soi. Renoncer à la production d’électricité d’origine nucléaire impliquerait également un changement profond de mentalités au sommet de l’appareil d’Etat et de rompre notamment avec des modes de fonctionnement, liés à notre tradition élitiste et jacobine, qui entraînent la mainmise de secteurs stratégiques par une petite oligarchie de technocrates qui jouent aux dés avec le destin de la population.
Le parti socialiste qui se présente volontiers comme la seule alternative crédible au gouvernement actuel est-il en mesure d’imposer et de s’imposer ce type de changement ?
Le « troisième tour » des cantonales n’incite pas à l’optimisme. L’attitude du PS et de ses élus à cette occasion illustre toute la nocivité d’un système qui corrompt l’engagement citoyen et pervertit toutes les ambitions. Les élections de certains présidents de conseils généraux socialistes semblent avoir été bien souvent influencées, polluées par des considérations et des stratégies qui s’inscrivent dans le cadre de la course à l’investiture suprême, démontrant ainsi que le PS demeure avant tout un parti de pouvoir (ce qui n’est pas la même chose qu’un parti de gouvernement). Ainsi, la réélection de Jean-Noël Guérini à la présidence du Conseil Général des Bouches du Rhône - alors que de terribles soupçons de prévarications pèsent sur sa personne- est particulièrement choquante : à l’évidence, le PS préfère sacrifier ses valeurs, ses convictions déclarées, sur l’autel des réalités politiques. Dans le cadre du processus des primaires, les ambitieux ne sont pas prêts à abandonner les voix d’une des plus puissantes fédérations du PS et Jean-Noël Guérini peut donc jouer les fanfarons, la quête du pouvoir le protège.
Le succès de François Hollande en Corrèze ouvre enfin à cet ancien premier secrétaire les portes de la compétition. Le candidat s’était fixé ce point d’étape préalable, ce passage obligé dans son parcours vers les Présidentielles. Cette réélection lui assure un surcroît de légitimité démocratique et une sorte d’onction populaire avant le début des hostilités. Même si le contexte est totalement différent, une élection est instrumentalisée et détournée de son objectif propre. Cette préparation mentale et psychologique se double d’ailleurs d’une préparation physique : l’homme a changé, il veut désormais correspondre à l’image du Président François Hollande, à l’image sublimée de l’homme incarnant le pouvoir. Le visage est plus affûté, plus sombre, taillé pour la Présidence. Et l’on ne sait plus trop s’il convient d’admirer ou de craindre cette disposition d’esprit . . . Un homme qui s’impose une telle discipline pour satisfaire son ambition saura-t-il, une fois installé sur le trône, renoncer à certaines prérogatives, rogner un pouvoir si ardemment désiré ? Le doute est permis.
Ces deux exemples montrent assez clairement qu’il est aujourd’hui difficile de parier sur le PS pour bousculer les institutions de la Vème République.
Quant à la remise en cause du nucléaire, les esprits évoluent mais les ténors restent divisés :
« Autant je suis favorable au débat, autant je suis favorable à l’exigence de sécurité et de transparence, autant sur la sortie du nucléaire, ce n’est pas aujourd’hui la réponse » François Hollande à Grigny le 15/03/2011 « Je crois qu’il faut sortir du nucléaire […]. Il faut y aller, ça va être sur vingt ou trente ans. » Martine Aubry sur Canal + le 21/03/2011 Souhaitons que le programme du PS tranche résolument la question.