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Billet de blog 2 juin 2012

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« Une écoeurantite aigüe »

 Le lundi 2 février 2009, au Palais de l’Elysée,  Nicolas Sarkozy  remettait  à M. Jean Charest, Premier ministre du Québec, les insignes de commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur. Avec, à l’appui, un petit discours soulignant leur proximité idéologique.

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 Le lundi 2 février 2009, au Palais de l’Elysée,  Nicolas Sarkozy  remettait  à M. Jean Charest, Premier ministre du Québec, les insignes de commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur. Avec, à l’appui, un petit discours soulignant leur proximité idéologique.   « . . . Mais si j’ai l’impression de décorer un frère c’est aussi parce qu’on observe certaines similitudes dans notre parcours politique même si tu as l’outrecuidance d’avoir quatre ans de moins que moi. . . »

Une même chaîne de nocivité politique unit tous les gouvernements libéraux de par le monde ; les hommes et les femmes qui mettent en œuvre les mécanismes destinés à asseoir la toute puissance du marché et des firmes privées sur l’économie font preuve d’une sorte d’esprit de compagnonnage. Leur obstination, leur acharnement à l’ouvrage se révèlent d’autant plus efficace qu’il bénéficie d’une synergie de groupe : sous la pression concurrentielle et sous l’égide de grandes institutions comme le FMI ou l’OMC, les dérèglementations et libéralités obtenues par les entreprises dans un pays ne tardent pas à s’imposer dans les autres.  Les questions sociales ou environnementales n’ont jamais prévalu sur le développement du commerce international. Peu à peu, inéluctablement, l’ensemble de la planète est tirée vers le bas en sacrifiant générations présentes et générations futures au bon plaisir d’une mafia sans scrupule. L’espace et le temps sont confisqués par le capital, idole servi par quelques grands maîtres.

Nicolas Sarkozy et Jean Charest, tous deux avocats, font partie de ces politiciens fascinés par l’argent  qui ont mis de façon brutale et cynique leur pays sous la coupe réglée des milieux d’affaires, cassant méthodiquement les biens communs et les dispositifs sociaux de solidarité.

La France et le Québec ont ainsi accéléré ces dernières années leur mutation et leur adaptation au monde moderne, une évolution parallèle et similaire à celle de beaucoup d’autres pays dirigés par des libéraux ou des socio-libéraux. Pour être soi-disant plus efficaces, plus performants, pour lutter contre le chômage et préparer l’avenir des jeunes générations, les gouvernements français et québécois ont appliqué leur vieille recette :  soumettre tous les secteurs de la société à la logique libérale. La rentabilité financière est devenue l’alpha et l’oméga permettant de mesurer l’efficacité de toute chose, la mise en concurrence l’aiguillon pour y parvenir plus vite. Si les résultats sont décevants voire catastrophiques, c’est forcément la faute des autres : la droite échoue toujours faute d’avoir pu appliquer totalement ses idées, le libéralisme est défaillant par manque de libéralisme ! Il y a toujours trop de protection, trop de règles , trop de droit du travail, trop d’état pour les idéologues libéraux, l’échec ne peut jamais leur être imputé ;  pensez donc : pour réussir, il faut une concurrence libre et non faussée, autant dire une concurrence pure et parfaite, un mythe sinon rien ! Dans le programme de tous ces religieux du marché, les hommes sont vraiment de trop, il nous faut céder la place au capital et aux robots !

Mais l’humeur est au changement. Les peuples finissent par comprendre que le néolibéralisme sert une toute petite minorité. Il n’y a pas assez de libéralisme pour les décideurs mais déjà beaucoup trop  pour celles et ceux qui en subissent les conséquences au quotidien. Au Québec, l’augmentation des frais d’inscription universitaire pour les étudiants semble jouer le rôle d’un révélateur : la société québécoise, réputée plutôt placide, prend subitement conscience de sa dérive libérale : on est allé si loin et sans rien dire . . .  Alors derrière les étudiants, derrière sa jeunesse, c’est l’ensemble de la société québécoise qui  bascule dans la révolte et qui, malgré une répression policière brutale, défie le gouvernement solidairement, pacifiquement, mais résolument.  « L’écoeurantite aigüe » –  cette expression colorée nous parle immédiatement après cinq années de Sarkozysme - qui fait rage chez les québécois est une épidémie qui touche désormais toutes les catégories de la population, les jeunes comme les vieux.

En Europe cette « écoeurantite» progresse également, le seuil épidémiologique n’est pas encore atteint mais des populations entières comme les grecs ou les espagnols sont touchées. Les français pensent avoir trouvé en François Hollande un antidote efficace. L’avenir le dira mais la maladie libérale semble toujours bien présente.

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