Dimanche prochain, le deuxième tour. . . Chacun y va désormais de son pronostic avec l’excitation que l’on peut éprouver en tentant d’imaginer le saut dans l'inconnu et tous les scénarios qui peuvent suivre. . .
Majorité absolue ou relative pour le RN, la question essentielle est évidemment là avec l’arrivée éventuelle au pouvoir de l’extrême droite accompagnée de tous ses bataillons de militants, volontiers enclins à la violence et qui vont pouvoir sortir de l'ombre. Gouvernement Bardella ou pas, suprématistes paradant dans les rues ou pas, c’est le moment du vote décisif, le geste qui peut encore les stopper sans trop de casse.
Les exaltés sont déjà prêts, ils attendent le signal, la confirmation de la normalité et du bien fondé de leurs mauvais sentiments dans une sorte d’épiphanie de leur représentation raciste de la société. ils vont pouvoir se désinhiber et se défouler, donner libre cours à leur xénophobie et leurs pulsions de haine. Ils auront bientôt juridiquement raison car ils seront politiquement majoritaires (*), ils rongent leur frein depuis si longtemps. . .
Le 7 juillet, il s’agit donc du vote ultime qui doit faire office de dernière digue, celle que les hommes et les femmes de bonne volonté doivent édifier pour arrêter la vague brune. ou plutôt la marée montante de l’extrême droite qui depuis 20 ans ne connaît pas de reflux.
À gauche, le Nouveau Front Populaire a posé ses pierres, toutes ses pierres, pour un édifice de protection le plus haut possible. Les candidates et les candidats du NFP se sont systématiquement désistés au profit du candidat le mieux placé pour battre le RN. Même Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur responsable du piège et de la répression féroce de Sainte Soline, en a profité avec le retrait de l’insoumise Leslie Mortreux dans la 10ème circonscription du Nord.
À droite, au contraire, c’est le flou, le service minimum. On opte pour des désistements au cas par cas, on met en place le barrage républicain avec des voies d’eau et, dans un paysage politique en ruines, on continue son sale travail de dénigrement mensonger et de démolition de la France insoumise, rejetée en dehors du champ républicain. Dans une ignominie assumée, la droite extrême préfère courir le risque de faciliter l’obtention d’une majorité absolue par le Rassemblement national, plutôt que de favoriser l’élection de candidats insoumis, ils ne veulent surtout pas que la France Insoumise puisse disposer d’un groupe majoritaire au sein du Nouveau Front populaire. L’ennemi ultime de la droite extrême - qui réunit les Républicains et la frange la plus à droite d’Ensemble - n’est pas le Rassemblement national, avec lequel elle partage l’essentiel sur bien des sujets, mais bien la France insoumise, c’est l’épouvantail avec la tête de Mélenchon qu’il faut agiter devant les foules. Pour l’oligarchie au pouvoir, le programme de la France insoumise constitue la véritable menace : il représente une rupture claire avec le capitalisme financier et le productivisme qui alimente le système actuel de domination et d’appropriation massive des biens communs par une petite minorité et qui ne peut aller qu’en s’accentuant avec le réchauffement et la catastrophe écologique à venir. Les riches entendent bien continuer à exploiter les pauvres et l’ensemble du vivant.
Avec la dissolution de l'Assemblée nationale, les masques sont tombés.
Le RN est proche du pouvoir et la droite continue à lui servir de marche pied.
Le Nouveau Front populaire représente désormais le seul espoir pour un renouveau démocratique et la préservation des valeurs républicaines.
(*) Pour paraphraser André Laignel qui, lors du débat sur les nationalisations en 1981, avait lancé à la droite : "vous avez juridiquement tort, parce que vous êtes politiquement minoritaire".