Un portique routier pris d'assaut par des manifestants, une main arrachée, une reculade supplémentaire du gouvernement et l'on découvre, effaré, un scandale d'Etat de plus : le scandale de l'écotaxe. Piégé, le pouvoir socialiste lève le voile sur ce dossier, hérité des derniers jours du quinquennat de Nicolas Sarkozy, et ses révélations sont accablantes ; le dossier est désormais sur la place publique : un impôt prélevé par l'intermédiaire d'une société privée, la société Ecomouv (!), témoignant d'un mélange des genres inédit, un PPP ( Partenariat Public Privé) particulièrement favorable au privé et potentiellement ruineux pour l'Etat, une prétendue taxe écologique prélevée sur les poids lourds qui circulent sur les routes françaises mais qui ignore le réseau autoroutier concédé au privé ( l’article de Martine Orange de Médiapart est édifiant) . Le Grenelle de l'environnement a engendré un monstre, pur produit de la dérive technocratique de la haute administration française et de la faillite morale de nos décideurs politiques, qui ne répond en rien aux objectifs que l'on est en droit d'attendre d'une fiscalité écologique (en fait un moyen déguisé de pallier le déficit de recettes résultant de la cession du réseau autoroutier aux sociétés privées d'autoroutes).
Faute d'avoir dénoncé à temps les travers de cette nouvelle taxe ainsi que les conditions scandaleuses de sa mise en place, F Hollande et Jean-Marc Ayrault qui, dans tous les domaines, appliquent la politique libérale de leurs prédécesseurs et continuent à user et abuser largement des PPP, sont condamnés à endosser la responsabilité politique de ce fiasco. F Hollande et Jean-Marc Ayrault peuvent d'ailleurs difficilement s'indigner de ce type de pratique puisque le pouvoir actuel continue dans de nombreux domaines à avoir recours à des montages de type PPP et notamment dans le cadre du dossier emblématique de l'aéroport de Notre Dame des Landes. Dans le climat de ras-le bol fiscal alimenté par la droite extrême (notamment l'UMP), toute taxation supplémentaire prend désormais en défaut le ministre de l'Economie P Moscovici qui déclarait encore récemment que « la gauche sait écouter ce que disent les Français. Elle a le souci de ne pas les matraquer fiscalement » (voulant justifier sa déclaration faite en août sur le ras-le-bol fiscal). Faute d'avoir procédé à une refonte de notre système fiscal comme il en avait pris l'engagement avant l'élection présidentielle et d'avoir ainsi créé les conditions d'acceptation d'une progression de la fiscalité dans certains domaines, François Hollande est en train de tuer l'impôt. Aujourd'hui, la politique du gouvernement est illisible dans la plupart des domaines. Quand nos décideurs socialistes s'obstinent à vouloir construire sur le territoire nantais l'aéroport de Notre dame des Landes et continuent à favoriser l' élevage intensif sur un territoire déjà considérablement pollué par les déjections des usines à viande, une écotaxe sur les poids lourds ne peut être perçue par les industriels et transporteurs bretons comme un outil de transition écologique mais apparaît plutôt comme une concession politicienne aux alliés d'EELV, à des écolos qui remettent en cause le modèle de développement breton du MEDEF et de la FNSEA . Sans politique écologique, on ne peut convaincre la population de l'urgente nécessité de mettre en place une fiscalité écologique
Dépourvu de conviction, F Hollande est incapable d'expliquer les enjeux auxquels nous devons collectivement faire face, d'arbitrer entre des intérêts divergents ou contradictoires et d'imposer ses décisions. Il apparaît durablement affaibli et suscite la montée de tous les corporatismes, de toutes les revendications, de toutes les réactions épidermiques et à courte vue.
La rupture avec l'idéologie libérale et les comportements affairistes n'est pas au rendez-vous, le pouvoir paye désormais le prix de son renoncement au changement.
Et, dans un contexte social où le pouvoir d'achat s'amenuise et devient la première préoccupation des français, à l'instar de ce qui se développe aux USA avec le Tea party, les démagogues de droite et d'extrême droite, les patrons petits et grands, arrivent à convaincre la classe ouvrière, tous ceux qui sont déjà fragilisés par le système, tous les laissés -pour -compte, de descendre dans la rue pour protester contre les impôts confiscatoires et défendre ainsi les intérêts de la classe dominante. C'est désespérant ; comme l'est ce gouvernement pour ne pas avoir modifié le mécanisme et le mode de prélèvement d'une écotaxe qui est en train de tuer dans l'oeuf la fiscalité écologique.