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Billet de blog 3 septembre 2014

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De la difficulté d’être de gauche

Depuis la nomination de Manuel Valls à Matignon, la politique menée par le gouvernement est ouvertement libérale et la question de l’appartenance du PS à la gauche agite à nouveaux certains beaux esprits quand elle ne taraude pas la conscience des militants socialistes. Mais, autant discuter du sexe des anges : la question n’a pas de lien avec la réalité tant le PS paraît étranger au pouvoir qu’il engendre.

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Depuis la nomination de Manuel Valls à Matignon, la politique menée par le gouvernement est ouvertement libérale et la question de l’appartenance du PS à la gauche agite à nouveaux certains beaux esprits quand elle ne taraude pas la conscience des militants socialistes. Mais, autant discuter du sexe des anges : la question n’a pas de lien avec la réalité tant le PS paraît étranger au pouvoir qu’il engendre. En passant de l’opposition à la gouvernance, ce parti a toujours opéré une mue spectaculaire, abandonnant ses oripeaux du peuple d’en bas pour revêtir les fracs et les costumes de la haute bourgeoisie.  Exception faite des deux premières années de la présidence de François Mitterrand, le pouvoir socialiste a systématiquement  servi et pérennisé l’ordre établi, se gardant bien de bousculer les puissants. Avec François Hollande et son équipe de financiers, cette dérive s’est accentuée mais la perversion des idées et des ambitions socialistes ne date pas d’hier. Aujourd’hui, le PS n’est  qu’un leurre grossier, un miroir aux alouettes, destiné à attraper un électorat de plus en plus volatile et désabusé. Dans la Vème République, un parti de gouvernement peut-il d’ailleurs faire autre chose qu’une politique réactionnaire au service d’une minorité de privilégiés ? Notre constitution a été bâtie par des hommes de droite, taillée sur mesure pour le Général de Gaulle,  afin d’installer et de pérenniser  un pouvoir fort à la tête de l’Etat ; c’est un carcan qui modèle les comportements de toute la classe politique, amoindrit considérablement les ressorts civiques  et imprime une dérive droitière à l’exécutif.  En théorie, si un contrat clair était passé avec le peuple, le président pourrait tirer sa force et sa légitimité de son élection au suffrage universel mais, dans la pratique, notre monarque républicain n’est tenu par aucun engagement, aucune promesse électorale ; son pouvoir est personnel, autocratique. Le Président est souverain jusqu’aux élections suivantes qui reconduisent le même système de domination et de déni démocratique en dévoyant l’expression populaire.

Dans notre belle  République, le Président ne peut pas se tromper. La politique suivie ne donne aucun résultat, amplifie les crises, bafoue la volonté populaire,  mais il n’est pas question de la discuter car elle émane de l’autorité suprême ; le droit divin n’était guère plus aliénant.

François Hollande et Manuel Valls incarnent aujourd’hui, au plus haut point, ce pouvoir de droite qui privilégie le respect de l’ordre et de l’autorité ; ils méprisent le peuple dans « la cohérence, la clarté, la cohésion » en laissant la finance imposer ses règles.  L’absence de débat, la ligne directrice, le petit doigt sur la couture du pantalon, voilà leur conception de la démocratie, façon Vème République. Et les socialistes rentrent dans le rang.

A l’heure où le capital façonne et soumet la société dans son ensemble à ses exigences, être de gauche serait, comme le souligne Frédéric Lordon dans un article paru dans le dernier Monde diplomatique, se situer d'une certaine manière vis-à-vis du capital. Et plus exactement d'une manière qui, ayant posé l'idée d'égalité et de démocratie vraie, ayant reconnu que le capital est une tyrannie potentielle et que l'idée n'a aucune chance d'y prendre quelque réalité, en tire la conséquence que sa politique consiste en le refus de la souveraineté du capital

A La Rochelle, les militants socialistes, en applaudissant le discours de clôture du Premier ministre, ont une nouvelle fois fait le choix du pouvoir contre la démocratie ; ils ont fait le choix de la discipline de parti ; ils ont opté pour la droite. Le choix de la gauche était trop difficile.  La Vème république est en train d’épuiser les socialistes : ils  sont en train de rendre l’âme sous le regard gourmand des droites extrêmes mais ils préfèrent encore le confort et l’assurance que leur offre la maison commune avec ses chaînes dorées plutôt que le risque de la contestation vraie et de la liberté.

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