Peut-on encore se souhaiter une bonne année 2011 quand on est militant ? Tout indique que nous entamons une année supplémentaire de régression sociale, de renoncements écologiques, de crise républicaine et politique. Tant que Sarkozy demeurera à la tête de l’Etat, il n’y aura pas de répit et nous continuerons à déplorer, à subir, l’effacement progressif de nos droits individuels et collectifs qui constituent pourtant le ciment de notre société. Une machine infernale est lancée jusqu’en 2012 et le peuple français est pris en otage, entravé par des institutions prétendument républicaines qui l’infantilisent et le condamnent à l’impuissance. Entre la résignation et la révolution, il n’y a malheureusement pas d’entre-deux. Il nous reste le rêve et l’imagination pour combattre ou éviter la déprime . . .
Il paraît qu’une vieille tradition italienne, aujourd’hui disparue, voulait que l’on jetât par la fenêtre, le soir de la Saint Sylvestre, les vieilleries dont on souhaitait se débarrasser pour débuter l’année nouvelle avec plus d’allant et d’enthousiasme . Il faudrait remettre au goût du jour cette coutume et la transposer au personnel politique ; imaginez avec quel soulagement et quelle délectation, nous enverrions aux oubliettes Sarkozy et toute sa clique ! Au lieu de cela, nous commençons l’année, accompagnés et handicapés par le même cortège lugubre de politiciens corrompus et discrédités. On imagine sans peine les technocrates du gouvernement travaillant de concert avec les grands groupes financiers pour préparer les mauvais coups de l’année et notamment le hold-up annoncé sur le cinquième risque ou « risque dépendance ». Les rapaces libéraux qui dirigent le pays entendent bien profiter de toutes les opportunités pour permettre au privé d’étendre son fonds de commerce. La collusion entre un Etat libéral et le grand capitalisme financier permet de tisser une toile transformant les citoyens en consommateurs captifs. Maximiser les profits en réduisant les risques, c’est le rêve de tout investisseur. La France de Sarkozy réalise ce rêve avec en prime l’annonce d’une baisse massive de la fiscalité pour les plus riches via la suppression de l’impôt sur la fortune.
Mais la France d’en bas commence à regarder d’un mauvais œil la France d’en haut, l’indignation gagne du terrain (le succès phénoménal du petit livre de Stéphane Hessel « Indignez-vous ! » en témoigne) et 2011 sera à n’en pas douter une nouvelle année de résistance que l’on espère encore plus active que l’année passée. « Agir plutôt que gémir » et le rêve deviendra peut-être réalité, bonne année à tous !
Jean-Luc Gasnier