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Billet de blog 4 janvier 2014

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La « quenelle » du Président

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il est question d'interdire la « quenelle ». On connaît désormais tous le geste vulgaire et provocateur de l'humoriste Dieudonné, baptisé « quenelle » et popularisé par des footballeurs de renom. Ce « bras d'honneur détendu » est aussi considéré par certains comme un salut nazi inversé ce qui contribue probablement à répandre encore davantage son utilisation dans les milieux antisémites et chez un public fragilisé et en perte de repères.

Au-delà des interprétations et des polémiques associées à la personnalité controversée de l'humoriste, ce geste ne fait guère de doute quant à sa signification première : là ou certains montrent le doigt, Dieudonné « enfonce le clou » et montre le bras entier ; sans doute pour accentuer le mépris dans lequel il tient ses détracteurs et les responsables politiques actuels.

Que ce geste obscène devienne à ce point populaire et fasse l'objet d'un débat sur la place publique est malheureusement significatif du désarroi et du désenchantement de notre époque, il est aussi révélateur de la difficulté grandissante du « vivre ensemble ».

Je provoque, tu provoques, il provoque, . . . Ce mouvement de bras est en quelque sorte l'écho visuel amplifié, obscène et figuratif, d'une politique qui trahit et méprise les français. Car, aujourd'hui, les mesures injustes et incohérentes du gouvernement sont ressenties comme autant de provocations par toute une population qui multiplie en retour les gestes d'exaspération et serait prête, si l'on en croit les sondages d'opinion, à manifester son ras-le-bol et sa rancoeur en votant pour le FN.

Dans ce contexte, les vœux de notre cher Président interviennent cette année au pire moment, dans une sorte de timing décalé et inopportun, comme pour mieux souligner l'impuissance mais aussi le cynisme de la classe politique dirigeante.

Car la hausse de la TVA au 1er janvier ainsi que le refus de tout coup de pouce au SMIC sont une belle « quenelle » adressée par le Président aux Français, le bras d'honneur superbe d'un monarque qui poursuit tranquillement et sans état d'âme une politique qui tourne le dos à ses engagements électoraux malgré des résultats catastrophiques. Comment ne pas ressentir les vœux présidentiels comme une provocation de plus ? Comment ne pas percevoir la vacuité et l'incohérence d'un discours qui invoque « un pacte de responsabilité pour les entreprises » en annonçant dans le même temps « moins de contraintes sur leurs activités », alors même que les diverses juridictions sociales souffrent d'un manque cruel de moyens et laissent de plus en plus les salariés victimes d'accidents du travail ou de maladies professionnelles démunis face à l'irresponsabilité de leurs employeurs ?

Espérer« plus d’embauches et de dialogue social. » apparaît bien comme un vœu pieu de la part d'un état socialiste qui clame que « le modèle français n'est pas négociable » mais qui se prive de tout moyen d'intervention et de régulation. Et comment donner crédit au représentant d'un état, premier employeur du pays, qui supprime massivement des postes et qui ne conduit, depuis des années, que des négociations alibis pour entériner des décisions déjà prises dans les cabinets ministériels ?

Interdire la quenelle, pourquoi pas ? Mais ce serait finalement un aveu d'impuissance et une réponse dérisoire et inadaptée aux excès d'un humoriste qui bâtit avant tout sa popularité sur la lâcheté du pouvoir face aux lobbies économiques et financiers. Aujourd'hui, le trouble public résulte avant tout du manque de respect de François Hollande pour le vote populaire.

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