La flamme olympique continue son parcours, son grand tour de France en long, en large, en travers, ne délaissant aucun territoire, y compris les territoires ultra-marins à l’exception notable de la Nouvelle Calédonie, déjà bien trop enflammée. En fin de semaine, elle va voguer vers les Antilles. Elle envahit tout notre espace national, passant de main en main, de célébrité en célébrité, escaladant les montagnes, traversant les mers et les océans pour investir des lieux emblématiques dans un périple ultra-sécurisé. Pour son arrivée à Marseille, un avion de surveillance Awacs ainsi que trois rafale furent mobilisés afin de dissuader toute attaque terroriste !
Dans un monde divisé, en proie à de nombreux conflits, l’amitié et le respect entre les peuples ne vont pas de soi et c’est plutôt l’esprit de compétition qui anime l’olympisme, compétition des athlètes pour ramener le plus grand nombre de médailles mais aussi et avant tout compétition commerciale car le sport est de plus en plus sponsorisé par des firmes et préempté par le business.
Le parcours de la flamme olympique, c’est aussi, à l’image de ce qui se passe pour le Tour de France, une caravane publicitaire à la gloire des sponsors. Les lieux d'accueil de la flamme deviennent ainsi des sortes de caravansérails où les grosses firmes marchandes qui participent au financement des jeux trouvent là des espaces publics de choix pour exploiter l'événement à leur profit. Les sponsors les plus importants, comme LVMH, vont même jusqu’à privatiser intégralement certaines tranches du parcours -correspondant sans doute à du temps de parcours disponible négocié avec le Comité d’organisation des jeux - en recevant la flamme dans des enceintes privées afin de s’assurer d’une exploitation commerciale optimale de l'événement.
“Du pain et des jeux” pour accentuer encore plus l’emprise de la marchandise et du capital sur la société. . .
Ainsi que l’écrivait Guy Debord dans “La société du spectacle”, “L’économie transforme le monde, mais le transforme seulement en monde de l’économie”.
L’esprit mercantile gagne même les travailleurs de l’ombre qui auraient tout de même pu se sentir honorés et se contenter de la fierté que toute bonne âme doit nécessairement éprouver lorsqu’elle participe à la réussite d’une telle aventure au lieu de réclamer des primes exceptionnelles et autres gratifications !
Ah, si l’exaltation populaire causée par la réussite de nos sportifs pouvait au moins faire oublier tout le reste et redonner un peu de popularité à la politique présidentielle !
En se rasant le matin devant son miroir, Emmanuel Macron doit rêver de pouvoir changer de peuple.
Mais il ne peut pour l’instant que tenter de recouvrir d’un grand voile aux couleurs de l’olympisme toute la misère et le mécontentement social.
Il faudra de toute façon tenter de tirer parti jusqu'au bout de l’événement, mouiller le maillot, peut-être même en se baignant dans la Seine aux côtés d’ Anne Hidalgo.
Et participer du même coup à cette autre gigantesque opération de mystification qui consiste à présenter ces Jeux comme des Jeux écologiques alors que les rares zones vertes de la capitale comme les jardins ouvriers d’Aubervilliers ont été en partie rasées pour la constructions d’infrastructures et que la qualité retrouvée des eaux de la Seine est très loin de refléter la réalité sanitaire de nos milieux aquatiques Un récent rapport du WWF souligne la terrible dégradation ( Le WWF parle même d'effondrement ) des rivières rurales de France. Dans nos ruisseaux, truites et oiseaux agonisent.
Le parcours de la flamme et les jeux olympiques entraînent un florilège de dépenses d’apparat pour servir la communication de l’oligarchie dominante et jeter de la poudre aux yeux des citoyens alors que la crise écologique et sociale s’amplifie.
Ces Jeux olympiques 2024 sont vraiment les jeux de la honte !