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Billet de blog 5 juin 2017

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Donald Trump, ce héros

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Outre-Atlantique,  les grandes firmes américaines sont presque unanimes pour protester  contre la décision de Donald Trump de quitter l’accord de Paris sur le climat. La transition énergétique, rendue nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique, représente en effet un marché gigantesque sur lequel il convient de se positionner ; d’après les experts des milliers de milliards de dollars sont en jeu à l’échelle planétaire. Pour Andrew Light, ancien conseiller de l’administration Obama, "si les Etats-Unis deviennent un paria à l'écart du reste de la planète en se coupant de l'accord de Paris, ça aura un impact très fort à long terme sur la croissance américaine".

D’une énergie à une autre, le capitalisme rebondit sans arrêt ; peu importe le carburant pourvu que demeure l’ivresse de la consommation. Les industriels et les financiers  veulent maintenant nous vendre une énergie   compatible avec « le développement durable », une énergie qui rassure et déculpabilise. Dans le monde sur papier glacé des communicants et des publicitaires,  l’énergie de demain est propre : elle n’émet pas de CO2, elle ne pollue pas, elle ne réchauffe pas l’atmosphère, on pourrait presque croire que  le monde est en passe de devenir  un immense organisme autotrophe, une nouvelle plante verte qui se nourrirait uniquement  de soleil et de vent.  D’immenses champs d’éoliennes et de  panneaux solaires vont alimenter notre nouvelle société numérique penchée en permanence sur des milliards d’écrans connectés ; aucune fumée, aucun rejet de CO2 à l’horizon. Les gaz à effet de serre doivent disparaître, la survie du système l’exige. 

Mais, aux USA, Donald Trump veut défendre les gueules noires du Kentucky, poursuivre l’extraction du pétrole et des gaz de schiste, il ne craint pas  les fumées  noires, les marées noires ; en économie aussi, c’est un réactionnaire. Donald Trump n’a pas  compris que le passage d’une économie carbonée à une économie décarbonée  représente une opportunité de business pour les entreprises américaines.  Donald Trump veut bousiller la planète.

 Donald Trump est sale, bête, et  méchant.

Donald Trump ne comprend rien au monde moderne. Les mines de charbon vont fermer  mais, partout dans le monde, les excavatrices fouraillent, creusent, retournent le sol à la recherche de ces  métaux rares  comme le gallium, l’indium, le lithium, etc, indispensables à tous les capteurs de l’ « énergie propre » et à la nouvelle économie numérique. Chaque pays doit assurer son indépendance énergétique, notamment vis-à-vis de  la Chine qui est le premier producteur  mondial de « terres rares ».  En France, l’activité minière est  en plein rebond : des dizaines de permis pour l’extraction de minerais les plus divers  ont été accordés ces dernières années ou sont en attente ( lire ici).  Tout cela va servir à produire des tas d’objets  comme des batteries de moteurs électriques, des ordinateurs, des tablettes, des téléphones portables. . .  Ces produits, quand ils sont utilisés par les consommateurs,  n’émettent pas de particules, pas de fumées nocives, pas de gaz à effet de serre. Ils ont une empreinte écologique considérable (1) mais elle ne se voit pas et ils vont donc assurer aux industriels une  « croissance durable », une croissance reposant sur un engagement responsable, en accord avec la COP 21.

Le monde a enfin devant lui une croissance infinie !

Donald Trump n’est vraiment pas un visionnaire mais c’est malgré tout un héros du capitalisme financier. À son corps défendant, il a réussi à faire passer tous les plus gros pollueurs de la planète pour des activistes environnementaux et même à écologiser Wall Street puisque  Lloyd Blankfein, directeur général de la banque d’affaires Goldman Sachs, a dénoncé dans un tweet la décision de se retirer de l’Accord de Paris comme « un recul pour l’environnement ». Quand on apprend que le géant de l’agrochinie Monsanto se dit, lui, «déterminé» à fournir aux agriculteurs l’appui technique nécessaire afin de «s’adapter au changement climatique et à en atténuer les effets», on peut mesurer l’aubaine en matière de communication fournie par Donald Trump à tous ces grands défenseurs de la planète !

Oui, Donald Trump est un héros !

(1)  Un portable contient 63 % de matières plastiques (coque et clavier) et plus de 500 composants électroniques à base de métaux et terres rares (cartes électroniques et câbles). La fabrication de la puce du téléphone (2 g) nécessite 1,7 kg d’énergie fossile, 1 m3 d’azote, 72 g de produits chimiques et 32 litres d’eau

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