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Billet de blog 6 juillet 2025

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Une sinistre comédie

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Des passagers sont dans un train lancé à grande vitesse. Par un concours de circonstances malheureux, un fou a pris le contrôle de la motrice de tête et le train file maintenant à vive allure sur une voie présentée comme la voie du progrès et de la prospérité mais débouchant en fait sur un précipice. Dans les wagons, les passagers plutôt placides, habitués à obéir, conscients de ne pouvoir modifier en aucune manière la trajectoire du train, ont pris le parti de s'en remettre au conducteur qui leur assure à intervalles réguliers qu'il leur propose le meilleur itinéraire possible et qu'ils peuvent être confiants, ils sont entre de bonnes mains. Penchés sur leurs smartphones ou leurs ordinateurs portables, occupés à entretenir leurs réseaux sociaux, à visionner des jeux vidéos, des séries, des films, à choisir de prochaines destinations touristiques, les passagers se laissent aller à une forme d'insouciance et de résignation confortable. Par le biais de leurs occupations, devant leurs écrans, ils se calment et, dans le même temps, contribuent à soutenir et alimenter la nouvelle civilisation du numérique dont l'essor est paraît-il « favorable à la croissance et à la réduction de l'empreinte carbone de la France ».

Tout va donc pour le mieux ou presque avec le meilleur conducteur possible quand soudain un des contrôleurs nommés par le fou fait une annonce à la fois surprenante et glaçante : « l'équipage tient à vous avertir solennellement que nous sommes engagés sur une mauvaise voie et qu'une réaction collective est absolument nécessaire pour retrouver une trajectoire adéquate  ». La stupeur et le désarroi s'emparent des wagons en même temps que ressurgit plus vivace que jamais ce sentiment d'impuissance qui nourrit une forme de fatalisme désormais bien ancré dans les esprits.

Nous vivons aujourd'hui ce genre de situation surréaliste avec la déclaration de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, qui réagit à l'annonce par le Citepa (Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique) d'une hausse de 0,2% des émissions de gaz à effet de serre de la France au premier trimestre en déclarant : "Ces chiffres sont très mauvais et appellent à un sursaut collectif. Je refuse de laisser place au doute et à l'essoufflement. Continuer à baisser nos émissions de gaz à effet de serre est non seulement indispensable, mais possible".

En appeler à une prise de conscience et au sens des responsabilités des citoyens alors même que le gouvernement réduit drastiquement les enveloppes budgétaires consacrées à la transition écologique et interdit ce week-end une manifestation d'opposants à l'A69, projet à la fois climaticide et écocide, est d'un cynisme révoltant !

Comment oser évoquer un nécessaire « sursaut collectif » quand le pouvoir déploie des moyens extraordinaires pour limiter l'expression et entraver toutes les actions de celles et ceux qui entendent protester contre les dégradations que font subir à la nature tous ces grands projets inutiles bénéficiant uniquement à quelques groupes industriels !

Comment accorder quelque crédit que ce soit à des irresponsables qui criminalisent les défenseurs de l'environnement et les qualifient d'écoterroristes !

Quelle sinistre comédie !!

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