Au sommet du G20, la Chine et les USA viennent d’annoncer qu’ils ratifiaient l’Accord de Paris. Une ratification ne signifie pas automatiquement le respect des engagements pris mais il s’agit là d’un premier pas positif par l’effet d’entraînement qu’il est susceptible de créer. Car l’accord sur le climat nécessite encore la signature de nombreux pays pour pouvoir entrer effectivement en vigueur (55 pays représentant au moins 55% des émissions mondiales doivent ratifier le texte pour qu’il puisse être appliqué) et il était important symboliquement que les plus gros pollueurs donnent l’exemple.
La société civile, les associations altermondialistes, les ONG, devront de toute façon accentuer leurs pressions sur des décideurs qui sont acquis à un modèle économique libéral qui ne peut se passer d’une croissance destructrice de l’environnement. Ainsi, au G20, et en contradiction flagrante avec les objectifs proclamés de la COP 21, les dirigeants politiques des pays occidentaux se sont « accordés pour soutenir le système d’échanges commerciaux multilatéral » et se sont montrés « résolus à revitaliser le commerce et les investissements internationaux. ». Ils continuent à prôner la libéralisation et l’intensification du commerce mondial par le biais d’accords de libre-échange tels que le CETA et le TAFTA notamment. Les réflexes protectionnistes américains ralentissent actuellement les négociations du TAFTA mais l’objectif de doper à terme les échanges transatlantiques demeure intact.
La France qui a ratifié l’accord de la COP 21 au mois de juin -mais qui reste malgré tout contrainte, dépendante d’une ratification globale au niveau de l’UE pour que sa voix puisse être prise en compte ( les parlements des 28 états membres doivent approuver le texte ) - ne peut paradoxalement guère servir d’exemple et jouer un rôle incitatif. En France, les émissions de gaz à effet de serre en provenance du secteur des transports sont reparties à la hausse en 2015 et notre pays est en retard dans son programme de transition énergétique et de développement des énergies renouvelables. En mettant en concurrence les différents modes de déplacement au lieu de jouer la complémentarité et en privilégiant à la SNCF des investissements très lourds sur les LGV, les pouvoirs publics ont délaissé les lignes secondaires et rendu les liaisons intercités par le rail peu attrayantes. Au lieu d’être stimulé et encouragé, l’alternative au routier, notamment entre les villes de province, est fragilisée car relativement peu commode et onéreuse. Les TET (Trains d’équilibre du territoire) ne peuvent corriger un développement déséquilibré des territoires. Avec la loi « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances», un nouveau coup, très rude, a été porté à une mobilité douce, respectueuse de l’environnement : les cars « Macron » sillonnent les routes de France, concurrençant, supplantant toujours davantage le transport ferroviaire. Emmanuel Macron qui aura été l’inspirateur de la politique économique et fiscale du quinquennat Hollande est le symbole d’une classe politique qui reste désespérément accrochée à des schémas qui appartiennent au passé et qui compromettent notre avenir.
Depuis qu’il a pris ses distances avec son mentor François Hollande, Emmanuel Macron est, en cette rentrée, la coqueluche des médias – dont la plupart sont détenus par des groupes industriels et financiers - qui font outrageusement la promotion de ce jeune homme particulièrement pressé. Le ministre démissionnaire est « en marche » mais sa marche n’est pas celle du promeneur solitaire aspirant à une retraite paisible et à profiter des bienfaits de la nature ; Emmanuel Macron a, paraît-il, un projet pour la France et se donne un mois pour livrer son diagnostic et proposer des actions, un mois pour faire le tour de France en long, en large et en travers, avec l’aide de quelques acolytes. Ce n’est pas une invite à la rêverie et à la contemplation, ce n’et pas l’éloge de la lenteur et d’un temps que l’on cherche à se réapproprier, ce n’est pas une nouvelle dynamique en réaction à un monde obsédé par la vitesse, la compétitivité, la productivité. Non, c’est tout le contraire, c’est la marche effrénée d’une ambition vers l’objectif élyséen, l’inscription dans une course au pouvoir à bout de souffle, une fuite en avant qui nous épuise déjà. Emmanuel Macron est jeune et fringant mais il est parfaitement représentatif de l’obsolescence de notre système politique et médiatique. Avec Emmanuel Macron, la Vème République prend un coup de vieux supplémentaire.
Emmanuel Macron n’est pas « en marche » mais en route, et nous ne monterons pas dans le car avec lui.