Orchestrées par la très controversée et clivante ministre des transports israélienne, Miri Regev, membre du Likoud et connue pour ses outrances racistes à l’égard des Palestiniens, les cérémonies commémoratives du 7 octobre ne peuvent pas être un moment de recueillement et de dignité en hommage aux victimes, ni un appel au dépassement de cette tragédie et à la conscience humaine. Avec l’extrême droite israélienne au pouvoir, toute évocation du 7 octobre est une occasion de propagande, un moment de communication au service de la logique criminelle de Netanyahu, de son hubris guerrier. et de sa volonté d’anéantir le peuple palestinien.
Aors même que le génocide à Gaza est en cours et que le Liban subit des bombardements particulièrement intensifs et meurtriers, ce triste anniversaire s’inscrit dans le cadre des opérations militaires israéliennes, il justifie la vengeance et le droit de se défendre au mépris du droit international, un droit qui n’est plus reconnu par l’Etat hébreu puisque Antonio Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies, est maintenant persona non grata en Israël. La dérive guerrière de Netanyahu et de son gouvernement est totale et incontrôlable. Les familles des israéliens pris en otage ne s’y trompent pas et refusent de s’associer aux commémorations officielles car le jusqu’au-boutisme de Netanyahu rend pour l'instant impossible la libération des otages et contribue à maintenir ouverte la plaie du 7 octobre.
Alors qu’Emmanuel Macron, après les bombardements et l’invasion terrestre du Liban par Tsahal, appelle désormais à un embargo sur les livraisons d’armes à l’État hébreu, Benjamin Netanyahu, furieux, dénonce des propos honteux et affirme que “tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d’Israël”. Il peut décidément tout faire, tout dire, tout se permettre. Abrité derrière son allié américain, il sait qu’ il ne manquera pas d’armes et que la France n’est qu’un tigre de papier.
La France reste de toute façon “l’amie indéfectible” d’Israël, le ministre des Affaires étrangères se rend à Tel-Aviv pour commémorer la tragédie du 7 octobre aux côtés de son ami. Le pays des droits de l’homme sombre, entraîné dans les bas-fonds de l’humanité par un État génocidaire.
Israël impose son écriture de l’histoire, il entend capter la mémoire et la compassion des pays civilisés. Israël est la victime, Israël est innocent, la douleur ne peut être que juive, et les pays civilisés doivent se recueillir aux côtés d’Israël et le soutenir inconditionnellement à l’occasion du premier anniversaire du 7 octobre.
Aujourd’hui, le 7 octobre correspond malheureusement au déclenchement d’une riposte monstrueuse d’Israël, une riposte aux dimensions criminelles hors norme et elle illustre le deux poids deux mesures de l’occident face au drame du Proche Orient.
Les “pays civilisés” commémorent-ils la Nakba, la catastrophe correspondant à l’exode forcé, en 1948, de centaines de milliers de palestiniens expulsés de leur territoire pendant la guerre israélo-arabe de 1948 ?
Les “pays civilisés” commémorent-ils l’occupation de Gaza intervenue pendant la crise de Suez où l’on estime qu’environ 1% de la population gazaouie a été tuée, blessée, torturée ou emprisonnée par Israël ?
Les “pays civilisés” commémorent-ils l’opération “Plomb durci” de l’hiver 2008-2009 qui avait fait plus de 1400 morts palestiniens à Gaza ?
Les “pays civilisés” commémorent-ils l’opération “ Bordure protectrice “ déclenchée le 8 juillet 2014 qui fit 2251 morts à Gaza dont 551 enfants ?
Les “pays civilisés” commémorent-ils l’opération “Aube naissante” du 5 août 2022 et ses dizaines de morts ?
Les “pays civilisés” ont choisi leur camp et ils ne peuvent donc véritablement oeuvrer pour la paix, l’injustice nourrit le ressentiment et la violence.
Le 7 octobre, c’est aussi la date fixée pour l’examen de la douzième demande de libération conditionnelle expulsion de Georges Ibrahim Abdallah incarcéré depuis bientôt quarante ans au centre pénitentiaire de Lannemezan pour complicité d’assassinat de deux “diplomates” , un israélien, agent du Mossad, et un américain, en 1982, année d’une précédente l’invasion israélienne au Liban.
Georges Ibrahim Abdallah est devenu, ses avocats le rappellent, ” le plus vieux prisonnier politique de France et même d’Europe”.
Georges Ibrahim Abdallah, militant propalestinien libanais, s’en est pris à des amis indéfectibles de la France. Dans ces cas-là, la justice s’efface pour laisser la place à la vengeance.