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Billet de blog 8 janvier 2017

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Pour en finir avec la « post-vérité »

Malgré l'éviction de Nicolas Sarkozy et la défaite annoncée de Manuel Valls, la "post-vérité" menace de dominer cette campagne présidentielle. A moins que. . .

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quand  la République est morte, les ambitions personnelles dévorent  la vie politique et la parole s’affranchit définitivement de la réalité.  La conquête du pouvoir est un trou noir qui absorbe toutes les énergies. Les partis de gouvernement sélectionnent des menteurs magnifiques, des conquérants sans scrupule, des tribuniciens sans pudeur,   adaptés à  des citoyens désinformés, aisément influençables.

Nicolas  Sarkozy et  Manuel Valls, purs produits de ce système, étaient parmi les meilleurs, faisaient figure de favoris, mais, pour avoir poussé la rhétorique manipulatrice un peu trop loin, ils sont désormais désavoués, exclus ou en passe de l’être, de la prochaine  présidentielle. Les Français finissent par se lasser des responsables jamais coupables et des coupables jamais responsables. Clamer un jour une vérité pour défendre mordicus son contraire dès le lendemain peut démontrer une certaine adaptabilité au changement mais révèle surtout un manque d’honnêteté intellectuelle et de rectitude morale ainsi qu’une fâcheuse propension à retourner sa veste pour servir sa cause.

Mais, même si ces deux prétendants au trône sont hors-circuit, la manipulation et la tromperie dominent encore les prémices de cette campagne.

 Les grands débats télévisés qui sont les amuse-gueules de cette élection présidentielle en sont aussi les attrape-nigauds  puisqu’ils circonscrivent le débat et l’appauvrissent en le limitant, sur le mode américain, à un affrontement entre deux pôles du libéralisme qui ne se différencient que sur les modalités d’appauvrissement et de sujétion des travailleurs.  L’imposture et la duperie s’installent officiellement d’ailleurs avec ces « primaires de la gauche » qui ne concernent quele PS et quelques satellites alors même que l’ensemble de la gauche contestataire s’en trouve exclu. Le mensonge politique a toujours existé mais, aujourd’hui,  il est malheureusement amplifié, institutionnalisé, et relayé par une classe médiatique qui ne tolère que des candidats conformes au  système, c'est à dire compatibles avec la doxa libérale. Et les sociaux-libéraux  vont ainsi pouvoir continuer à se déclarer « profondément socialistes » ou « totalement socialistes » sans encourir le risque d’être confondus par de réels contradicteurs. Les mots perdent leur signification, on tend à imposer sa vérité contre toute évidence. C’est le côté absurde d’une politique coupée des réalités vécues par la population et qui s’installe de plus en plus dans la « post-vérité ».

Les institutions de la  Vème République et le fonctionnement des médias contribuent  à plonger le pays en permanence dans une forme de léthargie citoyenne. Tous les cinq ans, les électeurs en sont extirpés  pour être immédiatement soumis à des discours démagogiques, simplistes, réducteurs qui ne font pas appel à la raison et à une participation véritable mais à des réflexes d’adhésion ou de rejet. Les politiciens des  partis de la droite extrême et de l’extrême droite réveillent notamment des sentiments de peur et de colère qui ne peuvent déboucher que sur de nouvelles frustrations.

"La France insoumise" a l’immense mérite de rompre avec ces pratiques mais elle doit affronter l’ostracisme de la presse officielle.  Les citoyens, notamment par le biais des réseaux sociaux, finissent malgré tout par déchirer le voile médiatique qui recouvre  cette ébullition salutaire. Ce mouvement finira-t-il par bousculer un vieux monde finissant mais qui dispose encore de tous les leviers de pouvoir ?  C’est l’enjeu principal de la campagne qui débute.

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