C’est un argument souvent utilisé par la majorité en place et par les médias dominants : Emmanuel Macron dispose de toute la légitimité nécessaire pour réformer le pays, son programme était libéral et la direction était clairement annoncée pendant la campagne. Certes, on ne pouvait attendre une autre politique d’un candidat adoubé par le grand patronat mais l’autoritarisme dont il fait preuve ne faisait pas partie du contrat passé -par défaut- avec les Français. Notre président jupitérien abuse des pouvoirs que lui confèrent les institutions de la Véme République et délégitime ainsi son action. Au second tour de l’élection présidentielle, face à Marine Le Pen , Emmanuel Macron représentait le candidat modéré, respectueux du dialogue et de la démocratie, le garant d’une certaine cohésion nationale et du maintien du dialogue au sein d’une population fracturée. La défense des libertés individuelles et collectives était devenu un des principaux enjeux de l’élection, c’était même probablement la motivation principale, déterminante, d’une bonne partie des électeurs qui, par ailleurs, pouvaient être séduits et abusés par la tonalité sociale du discours de l’extrême droite.
Aujourd’hui, les Français découvrent qu’ils ont été dupés. Leur Président allie l’ultra libéralisme de la droite classique à l’autoritarisme de l’extrême droite. Emmanuel Macron est un libéral-autoritaire qui avance à marche forcée en réduisant le rôle de toutes les autres représentations à la portion congrue. Il accompagne et accentue la dérive actuelle du capitalisme qui ne respecte que la liberté économique et s’efforce par tous les moyens de contourner et de pervertir la démocratie pour conforter sa puissance et étendre son emprise. Le projet de loi concernant «le secret des affaires » qui vient d’être adopté, en procédure accélérée, à l’Assemblée Nationale, illustre cette terrible fermeture démocratique qui menace la société toute entière. Sous prétexte de préserver les intérêts des entreprises et de protéger leurs investissements, la loi va verrouiller l’information sur les pratiques des firmes et rendre particulièrement difficile tout travail d’enquête et d’investigation. C’est une loi d’essence totalitaire, restreignant considérablement la liberté d’informer, qui va permettre aux multinationales - qui disposent déjà de moyens de pression considérables -d’échapper au regard trop inquisiteur des citoyens et notamment des lanceurs d’alerte (Lire ici) .
En imposant une lutte inégale entre la recherche du profit et l’intérêt général, en restreignant la liberté d’informer, en dissuadant toute contestation, le gouvernement met en marche un capitalisme mafieux échappant à tout contrôle.
Et il s’agit bien là d’une volonté délibérée, d’un projet global qui ne peut être un projet de société respectueux des droits de l’homme et du citoyen.
Les réformes se succèdent avec toujours la même posture, la même mécanique utilisant la sémantique à des fins de manipulation ; il faut rendre toute lutte impossible. Le détournement du langage est d’emblée une insulte à l’intelligence de l’autre, un refus du dialogue véritable et de la négociation. Les « partenaires sociaux » sont simplement convoqués afin d’écouter et d’enregistrer le discours officiel . «Les protestations qui sont tout à fait légitimes» restent encore tolérées comme on reconnaît au patient la liberté de crier face à la douleur, mais les remèdes seront de toute façon administrés. La vérité des experts ne se discute pas !
Et en même temps, ce gouvernement des élites, installé pour faire barrage au populisme de l’extrême droite pratique une forme de démagogie de la plus mauvaise facture : il s’appuie sur la rancœur, sur la fatigue et l’incompréhension générées par des grèves à répétition, sur la jalousie que peut susciter l’existence d’un statut protecteur pour certains, sur les « messages de Français qui soutiennent le gouvernement, en disant qu’il faut aller jusqu’au bout ». . .
Macron joue le peuple contre le peuple
Au 1er tour de la Présidentielle, Emmanuel Macron a recueilli sur son nom 18,2 % des inscrits. Au premier tour des élections législatives, marqué par un fort taux d'abstention (51,3%), seuls 13,4 % des inscrits sur les listes électorales ont voté pour « La République en marche ».
Aujourd’hui, une petite minorité agissante manipulée par le patronat (*) impose une grande régression sociale et démocratique.
(*) En référence aux propos du Premier ministre sur France Inter, concernant le blocage des universités, qui a déploré l'action d'« une petite minorité agissante, souvent manipulée par l'extrême gauche »