“Nous avons mis en place une équipe dédiée à la défense des valeurs de la République”, Gabriel AttalIl veut lutter plus efficacement contre la montée de l’antisémitisme, un antisémitisme désormais confondu avec la défense du peuple palestinien et la condamnation des crimes de guerre de l’armée israélienne à Gaza. Et il convoque une nouvelle fois la République qui l’accompagne dans toutes ses prises de parole.
La République enrobe désormais tous les discours, elle enfle, elle remplit l’espace médiatique au fur et à mesure de son rabougrissement, de son étiolement. Toute une logorrhée républicaine nous dégouline dessus en permanence. Tout doit être frappé du sceau républicain : les valeurs bien sûr, mais aussi les hommages, les commémorations, les décisions, les partis à l‘exception notable de la France insoumise, etc. Un député dont je me rappelle plus le nom parlait l’autre jour de sa “tristesse républicaine” en invoquant un événement qui l’avait profondément choqué.
Nous sommes asphyxiés par cette république des imposteurs, dépossédés d’un bien commun qui a été dégradé, pillé, détourné.
“Tristesse républicaine”. . . Oui, nous pouvons collectivement être tristes, tristes mais aussi en colère.
Notre devise commune n’est plus qu’un slogan creux, elle ne représente même plus un objectif, un idéal, tant les politiques suivies depuis des années nous conduisent dans une direction diamétralement opposée. Ces fameuses “valeurs républicaines” qui devraient engager et contraindre les Présidents ainsi que tous leurs gouvernements successifs ne sont plus aujourd'hui que des outils de communication utilisés comme parures indécentes et provocantes, alibis outranciers pour justifier le plus souvent l’injustifiable.
La République n’est plus qu'une mauvaise fable, un mythe accaparé par une élite corrompue.
Avec Macron comme Président, la société française ne cesse de dériver : toujours moins de libertés et de fraternité pour toujours plus d’inégalités.
L’étendard de la liberté est en berne
La répression de toute contestation dénonçant les dérives du système dominant, et susceptible de le mettre en danger ou simplement d’entraver certains de ses objectifs, devient systématique et souvent violente. Des libertés aussi essentielles à la vie démocratique que la liberté de la presse ou la liberté syndicale sont aujourd’hui menacées. De l’arrestation de journalistes environnementaux et de délégués syndicaux au récent limogeage de Guillaume Meurice de l’antenne de France Inter, les faits sont là, accablants : nos libertés publiques et individuelles sont de plus en plus encadrées, surveillées, restreintes.
L’égalité entre les citoyens n’existe qu’au moment des élections au travers du principe “un homme, une voix”. Les inégalités qui n’ont jamais été aussi criantes s’affichent avec une morgue insupportable. Ceux qui disposent de tout et qui captent l’essentiel des financements publics en veulent encore plus et trouvent insupportable que ceux qui n’ont rien puissent bénéficier de la moindre aide sociale. Tout est mis en œuvre pour accentuer des inégalités déjà révoltantes. Le discours malsain et lancinant du pouvoir finit par vriller les têtes : les honnêtes gens, les travailleurs qui se lèvent tôt supportent la France des assistés, des profiteurs, des bons à rien.
Et la fraternité disparaît
La montée du racisme, de l’antisémitisme, et de l’islamophobie qui accompagne la banalisation des thèses de l’extrême droite entraîne une fracturation de plus en plus poussée de la société. Un processus d’avilissement submerge une république déshumanisée que l’on tente de maintenir en vie par des rituels qui ne sont que des artifices sans traduction concrète, sans âme.
Les Français sont dans la République comme certains époux, trahis et insatisfaits, s’estiment liés par le sacrement du mariage ; ils restent unis par une sorte de chimère qui n’a plus d’existence réelle mais à laquelle ils ne veulent pas cesser de croire.
Mais ce sentiment d’appartenance à une destinée commune peut-il perdurer longtemps quand les ferments de division sont cultivés avec autant d’ardeur par des gouvernants irresponsables ?