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Billet de blog 8 septembre 2013

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Une justice internationale aux mains sales

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Il n'y aura pas de vaste coalition ni d'engagement de soldats étrangers pour combattre sur le sol syrien, pas de bruit de bottes, juste le bruit du chargement de quelques missiles qui seront tirés et téléguidés vers des cibles choisies, probablement depuis quelque destroyer croisant en Méditerranée. Ce sera - si le Congrès américain done son feu vert - une petite « expédition » menée par les USA et la France, pour punir Bachar El Assad d' avoir franchi « la ligne rouge » fixée par les gendarmes du monde. Ce sera une guerre propre, sur écran, avec des armes conventionnelles, respectant les normes internationales, estampillée si possible par l'ONU. Ce sera un avertissement, mais aussi, paradoxalement, un encouragement à continuer le conflit par d'autres moyens plus «  acceptables » ; il n'est pas question de renverser le régime syrien en place, ni même de le déstabiliser, il faut évidemment privilégier une solution politique.

Pendant deux ans, les nations occidentales ont laissé Bachar el-Assad totalement libre de massacrer ses opposants et son peuple. Mais, le 21 août dernier, le tyran aurait utilisé du gaz sarin, une arme bannie par les conventions internationales, notamment par le protocole de Genève qui interdit l'utilisation des armes chimiques et biologiques, une arme « sale ». Dans le domaine des actes et des armes de guerre, il existe une hiérarchie macabre, une classification dans la barbarie et une sorte de code guerrier dont seules les super puissances comme les USA ainsi que leurs alliés privilégiés peuvent s'affranchir librement et impunément Les armes chimiques et bactériologiques continuent à être fabriquées, vendues et stockées massivement mais leur utilisation est en principe prohibée. Bachar el-Assad peut écrabouiller ses opposants avec des missiles, pulvériser ses ennemis avec des bombes à fragmentation, tuer ou mutiler à vie des enfants avec des mines, user de tous types d'armes bien souvent made in France ou in USA , mais il ne peut pas les gazer.

La France disposerait de preuves de l'utilisation de l'arme chimique par le régime. C'est pour cela que F Hollande a décidé, souverainement, d'engager des représailles contre la Syrie. Depuis la fin du mois d'août, il multiplie les déclarations d'intention, reçoit les opposants syriens, consulte les experts, s'agite en tous sens, mais reste l'arme au pied car il ne veut et ne peut agir isolément. Constatant la défection de l' attelage européen, notre « mouche du coche » attend désormais avec impatience que Barack Obama veuille bien prendre les devants car il sait que la plus grande partie du job sera assurée par l'allié américain. F Hollande a déclaré la guerre tout seul mais s'aperçoit que les attributs du pouvoir le laissent malgré tout impuissant. . .

Il faut dire que notre monarque a perdu depuis son accession au pouvoir tous ses repères d'homme de gauche et qu' il n'avait sans doute pas réalisé que les procédures démocratiques utilisées chez nos partenaires sont plus contraignantes et peuvent parfois réserver des surprises. A l'Elysée, c'est plus simple et plus expéditif : comme le dit si subtilement le Président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, « il n'est pas question d'imposer un vote au Président de la République ». La crise syrienne est aussi un révélateur de la crise de la représentation démocratique en France.

Et notre président joue de malchance : une aussi grande détermination pour apparaître une nouvelle fois à la traîne des Etats-Unis, le plus mauvais partenaire qui soit dans cette région du monde pour dénoncer des crimes de guerre et la violation des conventions internationales, un partenaire déshonoré par le passif Irakien – 2 guerres, des centaines de milliers de morts et une utilisation massive de bombes au phosphore – et marqué par son soutien indéfectible à l'Etat d'Israël et son refus de voir sanctionner Tsahal pour les crimes de guerre commis dans la bande de Gaza, notamment lors de l'Opération « Plomb durci » où des bombes au phosphore avaient là aussi été larguées sur des quartiers résidentiels ( 1400 morts dont des centaines d'enfants d'après Amnesty international). Avec les Etats-Unis comme représentant, la « justice internationale » aura toujours les mains sales.

Pas de partenaire crédible, et pas de but de guerre pouvant réellement servir à libérer et soulager les populations syriennes ; l'opération est déjà un fiasco avant même d'avoir été lancée. Seuls les marchands d'armes peuvent s'en réjouir !

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