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Billet de blog 8 septembre 2017

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Les deux toxicités du Capital

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le cyclone Harvey au Texas, la mousson dévastatrice en Inde et au Bengladesh, la  canicule dans le sud-est de la France, les incendies dus à la sécheresse en Europe et aux Etats-unis , maintenant Irma, . . .   cet été,  les catastrophes liées plus ou moins directement au réchauffement climatique  ont rythmé l’actualité. Face à l’incurie humaine, la terre se rebiffe et manifeste à sa manière. Elle grogne, gémit, proteste, et ce bruit de fond s’amplifie d’année en année. Or,  l’homme est avant tout un terrien : il ne peut s’affranchir de la nature et  ces catastrophes climatiques et écologiques sont aussi, forcément,  des catastrophes humanitaires. Une comptabilité macabre recense déjà  depuis quelques années la surmortalité liée à ces évènements et nous alerte sur les décès à venir.            

Or, malgré la montée des périls, malgré les conférences, malgré des rapports scientifiques de plus en plus alarmants, malgré tous les signes évidents de dégradation de notre environnement vital, rien ne change fondamentalement : un capitalisme financier de plus en plus dévoyé continue à dévorer la planète. Il ya déjà plus de 40ans,  l'économiste américain Kenneth Boulding déclarait que "celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste».   Depuis les choses ont  largement empiré mais la société de croissance poursuit sa route inexorablement,  prétendant concilier, dans une schizophrénie désormais routinière,  productivisme forcené et exigence écologique.  Pour satisfaire les gouvernants et les  commentateurs économiques, tout doit  s’inscrire à la hausse : les immatriculations automobiles, les mises en chantier, la fréquentation touristique, le CAC 40, le PIB, etc. Le monde de l’économie semble de plus en plus insensible au monde réel  et réclame d’ailleurs de la part des acteurs  une forme d’autisme libérateur de toute compassion vis-à- vis du monde vivant. Le règne de l’inanimé et des choses mortes s’étend, accompagnant l’expansion du numérique qui nous offre un écran distrayant, mais qui fait écran. Bouchez-vous le nez, bandez-vous les yeux, mettez-vous un casque sur les oreilles, ne réfléchissez pas,  mais produisez, produisez, sans état d’âme, sans jamais le moindre petit bémol. Vous serez pauvres et endettés mais vous devez tous avoir envie d’être riches !

Dans cette course folle,  notre capitalisme national, qui s’est trouvé un nouveau maître des forges, un nouveau Jupiter, s’estime  handicapé,  contraint, par une législation du travail hypertrophiée  qui accorde encore trop de droits aux salariés. Des ordonnances libératrices doivent donc  y remédier afin que nos entreprises puissent  enfin compter sur le concours de travailleurs soumis, flexibles, vraiment productifs, aiguillonnés en permanence par la crainte de perdre leur emploi, producteurs-consommateurs dépendants,  assujettis à une machine infernale qu’ils ne peuvent contrôler.

Cette rentrée est donc placée sous le signe de la contestation sociale.

Mais la contestation sociale ne doit pas éclipser la catastrophe écologique.

Le 12 septembre, les travailleurs seront dans la rue pour manifester contre l’oppression du capital en régime libéral, contre sa nocivité immédiate,  celle des cadences infernales, de l’exposition au risque, du stress, de la maltraitance, de la précarité. En 2016, selon les chiffres de l’OIT, ce sont deux millions et demi de personnes qui sont mortes, dans  le monde, d’accidents du travail ou de maladies professionnelles  résultant de  ce qu’on pourrait appeler la toxicité aigüe du capital. Mais il faudrait aussi dénoncer et lutter contre la toxicité chronique du capitalisme moderne, celle qui tue encore plus  massivement mais plus insidieusement, celle dont  la responsabilité est diluée et répartie entre tous les acteurs, celle qui est inhérente au  système , celle qui condamne l’humanité à long terme.

Il faut résister à l’offensive libérale du gouvernement, se prémunir contre le danger immédiat, mais sans  oublier le cataclysme qui se profile à l’horizon. . .  Et crier à Jupiter : « Nous ne voulons pas tous devenir riches mais simplement vivre dignement et honnêtement de notre travail en respectant notre environnement social et naturel ».

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