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Billet de blog 9 février 2013

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Le fil rose de la politique du gouvernement

Pour avoir pris la décision de porter le fer contre quelques djihadistes, François Hollande s’est métamorphosé en chef de guerre dont l’autorité et la grandeur sont louées par les médias.

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Pour avoir pris la décision de porter le fer contre quelques djihadistes, François Hollande s’est métamorphosé en chef de guerre dont l’autorité et la grandeur sont louées par les médias. La victoire d’une armada de 4000 hommes suréquipés, et soutenus par l’aviation, contre une armée minuscule en déroute est vécue comme un haut fait d’armes ; on n’en finit pas de célébrer l’armée française et notre président. On peut vaincre sans péril et parader en nouvel imperator dans les rues de Tombouctou. Malgré l’absence de résistance adverse, la gloire est bien là, curieusement entretenue par des journalistes décidément bien versatiles. Même les américains seraient admiratifs . . . Il faut reconnaître que cette première phase des opérations a bénéficié d’un business plan remarquable et s’est déroulée selon le scénario rêvé : une guerre juste, une guerre quasiment sans perte du côté des troupes françaises, une guerre avec des terroristes détruits proprement, invisibles, incinérés dans leurs véhicules calcinés, des images démontrant l’efficacité de l’armement français, une guerre que l’on peut presque montrer aux enfants tant elle est désincarnée, bref une guerre idéale pour la popularité de François Hollande.

Et tout ce tohu-bohu médiatique africain est maintenant couvert par le brouhaha qui entoure le vote de la loi sur le mariage homosexuel. La France est un pays qui aime les défilés militaires, l’apparat et le verbe ; c’est parfois bien commode pour nos gouvernants. Depuis plusieurs semaines les prouesses militaires de nos soldats et les excitations de nos députés autour du mariage homosexuel font la « une » des journaux mais, pendant les beaux discours de Christine Taubira à l’Assemblée Nationale et les parades de notre Président, une politique moins spectaculaire mais qui mériterait plus de commentaires continue de dérouler son fil rose.

Et le fil rose de la politique gouvernementale c’est la satisfaction de l’appétit des entreprises, de leur appétit de dérèglementation, de leur appétit de compétitivité, de leur appétit de nouveaux marchés.

Face à la multiplication des plans sociaux et la fermeture des sites industriels, ce gouvernement, sans levier propre puisque prétendument « en faillite », ne peut compter que sur la bonne volonté des entreprises. Dépourvu de véritables moyens de pression (qu’il a progressivement et volontairement abandonnés), il ne lui reste plus que la communication et l’incantation. Il ne lui reste plus qu’à implorer les PDG de bien vouloir se donner la peine . . . On entendrait presque Michel Sapin et Arnaud Montebourg murmurer à l’oreille du patronat : «  A votre bon cœur, Mesdames et Messieurs les dirigeants, essayez tout de même de faire un petit effort pour la collectivité, l’Etat vous en sera reconnaissant » ! Notre ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, symbolise cette impuissance et ce désarroi ; c’est un peu le chien fou de ce gouvernement qui, après avoir admonesté publiquement cet été la direction de PSA, déclare maintenant avoir «  beaucoup d’estime pour Monsieur Varin qui est un homme très droit ». Contraint par une politique d’austérité imbécile, Arnaud Montebourg ne peut plus se payer le luxe de se fâcher avec les patrons. Il abandonne les mouvements d’humeur et de menton pour une obséquiosité malsaine. Il « recherche entreprises désespérément » et veut faire feu de tout bois. Toute activité est bonne à prendre, à relancer, à maintenir, du moment qu’elle peut « sauver » quelques emplois. Ce n’est plus une politique c’est un va et vient incessant pour tenter de colmater des brèches, c’est du tous azimuts pour un ministre azimuté qui ne peut plus qu’implorer ; un spectacle tragi-comique , tragique pour les salariés et comique pour les patrons.

C’est tragique pour le salariat mais c’est aussi dramatique pour l’environnement, le tout premier sacrifié sur l’autel de la compétitivité et de la création d’emplois. Dans ce domaine au moins, le syndicalisme n’est pas un obstacle ; les associations de défense de l’environnement disposant de peu de relais médiatique, la mort peut être silencieuse.

Et dans l’indifférence générale, Montebourg peut tenter de redresser notre production à bon compte pour quelques industriels : l’exploitation de notre sous-sol en particulier est « une mine » d’emplois potentielle.

La societé Rexma va ainsi pouvoir exploiter une mine d’or près du Village de Saül, en lisière du parc naturel régional de Guyane, dans une zone où la plupart des fleuves guyanais prennent leur source (permis « Limonade » publié au JO le 13/12/ 2012).

En attendant les gaz de schiste, pourquoi ne pas exploiter nos gaz de houille ? : Arnaud Montebourg plaide pour l’extraction d’"un gaz 'made in France', un gaz en marinière en quelque sorte ,qui pourrait assurer à la France entre cinq et dix ans de consommation".

Pendant cette braderie environnementale, il faut bien sûr veiller à encadrer, à prévenir tout débordement écologiste. Ainsi, il n'y aura ni loi, ni même débat sur les ondes électromagnétiques. La proposition de loi à ce sujet, déposée par la députée écologiste Laurence Abeille et qui devait être examinée par l'Assemblée nationale le jeudi 31 janvier, devrait rester lettre morte. Il ne faut surtout pas contrevenir brutalement aux intérêts des industriels de la téléphonie mobile, un secteur particulièrement important pour notre économie. D’ailleurs, l’examen de cette proposition de loi a été renvoyé en commission des affaires économiques. On imagine aisément le poids des députés écologistes dans cette commission par les temps qui courent. . .

Oui, décidément, le fil de la politique gouvernementale n’est ni rouge, ni vert.

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