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Billet de blog 9 avril 2011

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Le projet socialiste est, depuis le début de la semaine, consultable sur le Net. Pour tous ceux qui aspirent à un changement profond de société, il ne peut que décevoir. Certes, parmi les propositions qui sont censées nous faire désirer l’avenir socialiste et nous redonner confiance dans « un avenir qui aime la France » - pour paraphraser les slogans volontiers lyriques d’un parti en campagne électorale - , il en est qui sont porteuses d’espoir (et qui mériteraient d’être mises en pratique) mais beaucoup paraissent décalées, insuffisantes, voire opposées aux attentes du peuple de gauche. Mais sans doute faut-il se résoudre à considérer définitivement le parti socialiste comme le pis-aller d’une politique néolibérale inscrite dans le marbre du traité de Lisbonne et des autres accords internationaux. Le gouvernement actuel, tant décrié et déconsidéré, joue opportunément le rôle de repoussoir et valorise à bon compte un projet qui se propose de rompre définitivement avec des pratiques majoritairement condamnées. Sarkozy est d’ailleurs un alibi ou un prétexte tellement facile pour s’exonérer de toute responsabilité que la plume finit par déraper et qu’il est stupéfiant de lire que « depuis 1958, par delà les alternances et les époques, tous ceux qui ont exercé la magistrature suprême ont contribué au rayonnement de la France. Tous sauf l’actuel chef de l’Etat.». . .Pourtant, toutes les dérives de notre monarchie républicaine ne datent pas de 2007 et de l’élection de Nicolas Sarkozy ; le culte de l’argent ne fait que s’afficher avec une ostentation plus provocante et décomplexée mais les gouvernements socialistes passés ont souvent servi de puissants édulcorants ou anesthésiants pour la mise en place de politiques avantageant ouvertement et outrageusement les entreprises privées et la recherche du profit au détriment du bien public.De changement de régime il n’en est donc pas question ; il est certes proposé d’améliorer la démocratie politique et « d’en finir avec l’hyper-présidence où un seul appuyé sur quelques uns décide pour tous » mais les engagements paraissent faibles : « limitation du cumul des mandats pour les ministres et les parlementaires, obligation de déclaration d’intérêts pour les élus et les hauts fonctionnaires, introduction d’une dose de proportionnelle aux élections législatives , . . .». D’autres mesures visant à raffermir quelques contre-pouvoirs sont intéressantes mais l’ensemble ne modifiera pas la tonalité générale du système et nous aurions bien, en tout état de cause, une reine ou un roi socialiste avec sa cour à l’Elysée.Mais, aujourd’hui, à l’heure de l’épuisement du vivant et du réchauffement climatique, un programme se juge aussi à l’aune de ses choix énergétiques et productifs. Dans ce domaine, le parti socialiste communique avec application sur le développement durable mais il peine à remettre en cause des modes de pensée qui ont structuré depuis toujours sa politique industrielle et agricole. Cet écartèlement psychologique, quasiment schizophrénique, donne lieu à des exercices de style propres à faire tourner la tête d’un électorat déjà bien déboussolé. Dans le chapitre consacré à l’alimentation, le conflit d’intérêt engendre une véritable « tempête sous un crâne » de rédacteur de projet et produit un oxymore délirant avec l’engagement de « soutenir l’agriculture écologiquement intensive » ! Cependant, quand il s’agit d’aborder la question du nucléaire, la pensée socialiste retrouve subitement toute sa clarté et sa cohérence. C’est tout à fait édifiant : « En France, le nucléaire n'est pas qu'une source d'énergie, il est un fleuron industriel, un socle de technologies et de savoir-faire qui ont forgé notre indépendance nationale. Penser notre avenir énergétique présuppose de penser l'avenir de notre industrie nucléaire. ». Et l’on comprend alors que les propos de Martine Aubry sur Canal + le 21/03/2011 « Je crois qu’il faut sortir du nucléaire (…).Il faut y aller , ça va être sur vingt ou trente ans » ne constituaient qu’une déclaration démagogique, destinée à capter, avant le deuxième tour, l’électorat écologiste. Il semble vraiment bien difficile d’espérer, en cas de victoire d’un(e) représentant(e) du parti socialiste aux futures élections présidentielles, l’émergence d’une société nouvelle, socialement et écologiquement responsable.

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