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Billet de blog 9 juillet 2023

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Le choix de l’ordre policier

Le pouvoir entend ne rien lâcher et installe progressivement un ordre policier.

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C’est désormais une constante du macronisme : face à une revendication d’ordre  social ou écologique, il convient de  “ne rien lâcher “ sur le fond ( c’est d’ailleurs devenu un mantra du forcené élyséen), de parier sur le pourrissement du conflit et de privilégier systématiquement l’option répressive si les choses dérapent afin de mâter les contestataires les plus déterminés et de dissuader toute nouvelle manifestation.  

Un déploiement policier extraordinaire a permis de mettre fin à l’embrasement qui a suivi la mort du jeune Nahel, abattu lors d’un contrôle routier.  Et l’on comprend bien que Macron ne lâchera pas sa police, une police mise en cause pour ses méthodes brutales et son racisme systémique par de nombreuses organisations non gouvernementales et notamment par Tendayi Achiume qui est la rapporteuse spéciale auprès du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. La police française ne sera pas réformée et les banlieues vont attendre un nouveau diagnostic pour des maux dont les symptômes sont récurrents et les causes connues depuis longtemps. La tournure prise par les événements permet au pouvoir de botter une nouvelle fois en touche. L’émotion provoquée par le meurtre de Nahel a été rapidement dévoyée et a pris des formes inadmissibles et malheureusement contre-productives  : les destructions de bâtiments publics, les voitures et les bus incendiés, les pillages de magasins, touchant en premier lieu les habitants des quartiers défavorisés, devaient  évidemment  être stoppées. Et les scènes de vandalisme, diffusées et commentées ad nauseam par les chaînes de télévision, ont très vite engendré une indignation qui a pris le pas sur tout le reste. Du coup, la cause initiale de tout ce déchaînement de colère et de frustration a été oubliée ou du moins reléguée au second plan. Paradoxalement, cette affaire aboutit finalement  à une restauration de l’image de la police dans l’opinion, un comble ! Les policiers pendant leurs missions nocturnes se sont mués en défenseurs des braves gens et d’une république menacée malgré deux bavures qui demeurent à ce jour impunies : un mort par un tir de LBD et un blessé grave dans le coma. Désormais, le calme est revenu mais il s’agit évidemment d’un calme précaire : la souffrance, cadenassée, est simplement redevenue silencieuse pour un temps. 

Elisabeth Borne, dans une interview accordée au journal le Parisien ne laisse aucun doute sur la fuite en avant sécuritaire du gouvernement , Durant les journées du 13 et du 14 juillet, “ les moyens seront massifs pour protéger les Français”. La Première ministre pense sans doute aux “hordes sauvages” et aux “nuisibles” qu’entendent combattre les membres du syndicat Alliance. Les exactions  policières repartent d’ailleurs déjà de plus belle : l’interpellation particulièrement violente samedi 8 juillet d’un des frères d’Adama Traoré lors de la dispersion de la manifestation organisée en sa mémoire démontre que la police n’est plus sous contrôle mais fixe elle même les modalités de ses interventions au gré des circonstances et des individus. 

Hormis la NUPES, l’ensemble de la classe politique semble aspiré par la nébuleuse de l’extrême droite, une espèce de trou noir qui impose petit à petit ses thèmes ( par le biais  notamment les chaînes d’information en continu comme CNews ou BFM) en stigmatisant notamment les défenseurs de l’environnement et des droits de l’homme. Le chant des partisans de l’ordre et des valeurs “Travail, Famille, Patrie”  résonne de plus en plus au sein de la société française.

La stratégie du choc est en place.  “La montée d’un capitalisme du désastre” selon les mots de Naomi Klein s’accompagne d’une montée de la violence sous toutes ses formes. L’époque où le capitalisme et ses innovations technologiques permettait une progression du niveau de vie généralisée, du moins  au sein des pays développés, est révolue. Désormais,  pour l’écrasante majorité de la population, avec le réchauffement et le dérèglement climatique, avec la pollution  et la détérioration de l’ environnement, avec l’accroissement des inégalités et  notamment des inégalités d’accès aux biens essentiels comme l’eau, les conditions de vie vont aller en empirant. Entre les différentes classes sociales, les tensions ne peuvent que s’accroître. Dès 2006, le milliardaire Warren Buffet avait prévenu : "c'est ma classe, les riches, qui a déclaré cette guerre et c'est elle qui est en train de la remporter".

Macron, le président des riches,  entend bien prendre sa part. Face à “”ceux qui ne sont rien”, il entend faire régner l’ordre policier. 

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