Deux mois maintenant qu'Israël, aidé par les américains, fait l’étalage immonde de sa force, deux mois que Tsahal frappe sans aucune retenue la bande de Gaza. Les “terroristes islamistes intégristes” du Hamas mais aussi les civils désarmés et désemparés sont logés à la même enseigne. Face à l’ennemi palestinien, les soldats israéliens semblent totalement dépourvus de surmoi, comme si le désir de vengeance après l’attaque du 7 octobre avait fait sauter tous leurs tabous. L’armée israélienne tue, détruit, éradique des animaux et leur milieu de vie. Gaza ne sera bientôt plus qu’un amas de cendres et de gravats.
Le massacre du 7 octobre permet une nouvelle fois à l’Etat d’Israël de s’abriter derrière son statut de victime pour justifier ses exactions et ses crimes comme si le sang juif répandu ce jour-là avait effacé d’un coup tout le passé colonisateur, toutes les oppressions, toutes les humiliations, toutes les punitions collectives subies depuis des dizaines d’année par les palestiniens, devenus des étrangers et des parias sur leur propre sol.
Ce massacre, le gouvernement israélien entend lui donner le plus de résonance possible : il faut le rappeler sans arrêt, le faire revivre en toutes occasions pour continuer à prendre à témoin le monde entier, pour nourrir la vengeance, pour alimenter la bête immonde qui se tapit au coeur du nationalisme israélien, pour exercer encore et encore le droit de se défendre, pour obtenir un permis de tuer permanent.
Ce massacre sert désormais de prétexte à la mise en oeuvre du projet sioniste de grand Israël. Benyamin Netanyahou et son gouvernement d'extrême droite entendent semer la terreur dans les territoires palestiniens - à Gaza mais aussi en Cisjordanie - afin de condamner l’ennemi à l’exil.
Ce massacre du 7 octobre, s’il n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer. Et du reste, nul doute qu’il a été à tout le moins provoqué, presque téléguidé, tant la politique de Netanyahou s’est employée à renforcer systématiquement le Hamas au détriment de l’autorité palestinienne afin de rendre impossible toute négociation de paix.
L’instrumentalisation de la tragédie du 7 octobre n’est malheureusement pas simplement le fait des dirigeants israéliens. Alors même qu’un nettoyage ethnique monstrueux est en cours dans la bande Gaza, Emmanuel Macron entretient lui aussi l’exaltation revancharde et guerrière d’Israël. En célébrant à l’Elysée, aux côtés du grand rabbin de France, la fête juive Hanoukka, il a non seulement violé le principe de laïcité dont il doit être le garant mais a apporté en plus un soutien symbolique précieux à l’Etat juif au plus mauvais moment. Radio Shalom relate d’ailleurs ainsi l’événement : “Le président de la République a allumé une bougie en mémoire des victimes des massacres du 7 octobre et le Grand Rabbin De France a allumé la première bougie”
Le Président de la république n’est pas allé jusqu’à porter la Kippa lors de cette cérémonie religieuse, mais le grand rabbin, à ses côtés, la portait. Le port de la kippa aurait pour but, d’après le Talmud, de rappeler que Dieu est l'Autorité suprême, au-dessus de nous. Le dieu des juifs planait sur l’Elysée.
Le dieu des juifs veille-t-il sur les exactions de l’armée israélienne ? Les combattants de Tsahal agissent-ils en son nom ?
Pour paraphraser Emmanuel Levinas, «Se réclamer du massacre du 7 octobre pour dire que Dieu est avec nous dans le cadre de l’opération “Glaive de fer” est aussi odieux que le 'Gott mit uns' qui figurait sur les ceinturons des bourreaux.» (*)
(*) «Se réclamer de l’Holocauste pour dire que Dieu est avec nous en toutes circonstances est aussi odieux que le 'Gott mit uns' qui figurait sur les ceinturons des bourreaux.»
Ces propos avaient été tenus le 28 septembre 1982 par Emmanuel Levinas, philosophe d’origine juive lituanienne après les massacres de Sabra et Chatila à Beyrouthn, lors desquels des milices chrétiennes, introduites par l’armée israélienne dans des camps de réfugiés, avaient tué entre 800 et 2000 Palestiniennes et Palestiniens.