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Billet de blog 9 décembre 2025

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Il faut faire taire les lanceurs d’alerte

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« La police blesse et tue », ce terrible constat – car les faits sont malheureusement incontestables- s’est affiché en lettres de lumières le week-end dernier, à l’occasion de la fête du même nom, sur la façade du musée des Beaux-Arts, place des Terreaux, à Lyon . . .

Car le doute n’est désormais plus possible, ce ne sont pas des policiers dévoyés et isolés qui, s’affranchissant des règles déontologiques et des consignes de leur hiérarchie, se laissent aller à la violence et tuent ou risquent de tuer des manifestants ou de simples délinquants mais bien l’institution policière toute entière qui adopte délibérément des méthodes de répression de plus en plus brutales et potentiellement létales. Cette dérive est d’ailleurs pointée du doigt par des ONG internationales et par le Comité des droits de l’homme de l’ONU. La police française est la plus répressive de l’Union européenne et un rapport publié le 18 novembre dernier par le média spécialisé dans l’étude des violences policières Flagrant déni démontre, statistiques à l’appui, que les violences par « personne dépositaire de l’autorité publique » ont doublé depuis 2016 et que « l’impunité policière s’accroît ». Le nombre d’homicides recensés a considérablement augmenté ces dernières années : « 52 décès liés à une intervention des forces de l’ordre en 2024 et 50 en 2023 » contre 10 morts en 2010 !

Dernièrement, le classement sans suite de l’enquête préliminaire menée par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur les blessures graves de quatre manifestants à Sainte-Soline démontre que l’institution, aidée en cela par la Justice, ne souhaite pas s’attaquer réellement à ce mal endémique et qu’elle préfère couvrir les crimes de ses agents plutôt que de remettre en cause ses pratiques. Les syndicats de police les plus réactionnaires, gangrenés par l’extrême droite, donnent le ton avec l’assentiment du pouvoir. La police est devenue dangereuse pour les citoyens et pour la démocratie. Cette mutation qui ne lui permet plus de servir les idéaux républicains n’est finalement qu’une mise en conformité : elle accompagne celle encore plus pernicieuse d’un État qui entend placer l’ensemble de la société sous la coupe d’un capitalisme prédateur et parasite quelles que soient les résistances. La liste des grands projets inutiles, désastreux pour l’environnement, subventionnés et entrepris sous la protection des forces de l’ordre, en témoigne. Cet État félon se donne pour mission première de faciliter la croissance et de satisfaire les conditions de rentabilité et de profitabilité exigées par les firmes. Dans cette optique, les mouvements écologiques et les associations de protection de la nature représentent certainement les ennemis les plus irréductibles qu’il convient de combattre et d’empêcher de nuire par tous les moyens. Ce combat qui oppose deux visions de la société et deux conceptions du progrès incompatibles ne peut que s’amplifier. Plus le désastre écologique prend de l’ampleur et plus il devient urgent pour le pouvoir de contrecarrer le discours des défenseurs de la nature et de diaboliser les oppositions à l’idéologie totalitaire néolibérale et au mythe de la croissance indéfinie. En France et dans l’UE, le développement des énergies dites renouvelables permet encore de tenir un discours lénifiant sur la décarbonation de l’économie et le développement durable. La communication autour du pseudo-verdissement de l’économie rassure le consommateur et permet de justifier la répression très dure qui frappe les mouvements qui recourent à la désobéissance civile comme  Les soulèvements de la terre. Mais ces nouvelles sources d’énergie, par ailleurs très polluantes, ne permettent pas une véritable transition écologique : elles viennent surtout s’ajouter et compléter le panel énergétique existant, l’imposture ne durera pas.

Partout dans le monde, le capitalisme s’emploie à faire taire tous les lanceurs d’alerte. Les pays dont l’essor économique dépend encore des énergies fossiles font ainsi pression pour reporter la publication du prochain rapport du GIEC. Des campagnes de désinformation se mettent en place et les climato-sceptiques gagnent du terrain alors même que les conséquences du dérèglement climatique deviennent de plus en plus évidentes.

Le totalitarisme économique du système ne supporte aucune contradiction, aucune résistance. La société de croissance ne peut pas être remise en cause.

Et la police est le bras armé de cet ordre économique implacable. Comme le chantait Guy Béart :

«  le poète a dit la vérité, il doit être exécuté »

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