Nous vivons une époque tourmentée, marquée par une montée des périls de toute nature.
Certaines régions du globe méritent une attention particulière car, particulièrement instables, ce sont des sources potentielles de désordres et de malheurs pour la planète toute entière.
Le Proche-Orient, foyer de nombreux intégrismes, habitée par des populations aux visées nationalistes antagonistes, déchiré depuis 1948 par le conflit israélo-palestinien est une zone particulièrement sensible. C’est un challenge diplomatique permanent pour les dirigeants de pays influents dans cette partie du monde, membres du Conseil de sécurité, comme les USA ou la France ; des chefs d’états responsables devraient trouver là matière à déployer leurs talents de persuasion et tenter de donner une réalité à la fameuse formule du cardinal de Richelieu : «la politique est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire ».
Mais que peut bien rendre possible Donald Trump lorsqu’il reconnaît Jérusalem comme capitale de l’Etat d'Israël ?
Et que peut bien rendre possible Emmanuel Macron lorsqu’il passe des contrats d’armement avec les pays du Golfe comme lors de sa visite récente au Qatar ?
Deux chefs d'État récemment élus, deux politiques qui se situent aux antipodes de ce qu’il conviendrait de faire. . .
Comment est-il possible que nos démocraties élisent à leurs têtes des représentants aussi brutaux et dangereux que Donald Trump, aussi cyniques et mystificateurs qu’Emmanuel Macron ?
Il leur faut pour cela des relais permettant de rendre crédibles les dogmes de l’idéologie libérale, il leur faut véhiculer l’espoir sans arrêt renouvelé et repoussé des jours meilleurs, il leur faut exalter l’individu, il leur faut mettre en exergue la réussite possible au travers de quelques icônes, il leur faut divertir pour faire oublier la tristesse du quotidien, il leur faut étourdir, infantiliser, il leur faut endormir les consciences plutôt que de les réveiller.
Il leur faut des joueurs de berceuses aux allures de rock’n roll et des penseurs bourgeois qui vous font passer un boniment de marketing pour une réflexion philosophique.
Il leur faut des « Johnny « et des « Jean d’O ».
Pour Emmanuel Macron, pour Nicolas Sarkozy, et pour toute cette oligarchie qui établit les règles de notre société libérale gouvernée par l’argent, Jean d’Ormesson et Johnny Halliday faisaient partie du « patrimoine national » ; ils étaient précieux, ils avaient l’élégance de ne pas déranger les puissants, de se ranger du bon côté.
Jean d’Ormesson se définissait lui-même, dans un entretien accordé au Figaro-magazine, comme "un homme de droite, un gaulliste avéré, mais un gaulliste européen, qui a beaucoup d’idées de gauche: des idées d’égalité et de progrès, ce progrès qui est abandonné par la gauche à cause des écologistes". Ce genre de clairvoyance ne peut être qu’appréciée par le pouvoir dominant !
Et Johnny Halliday, grand sympathisant et souteneur de l’UMP, chanteur populaire, cultivait un anticonformisme de bon aloi : il ne voulait pas être "un mouton qui se fait tondre".
En 1885, sous la troisième République, une foule immense avait accompagné Victor Hugo jusqu’à sa dernière demeure, le Panthéon
En 2017, sous la Vème, une foule immense a accompagné le cercueil de Johnny, chanteur populaire, jusqu’à l’église de la Madeleine. Le Président de la République, a rendu hommage à « une part de la France » et à « une force qui va », citant Victor Hugo. Devant l’église de la Madeleine, dans le cercueil blanc, gisaient la dépouille de Johnny mais avec lui toutes les idées, toutes les valeurs républicaines, tous les combats qui avaient rendu Victor Hugo si populaire et qui le placent à jamais du côté du peuple et du progrès.
Johnny Halliday distrayait les classes populaires le temps d’un concert et d’un enterrement. Demain, il rejoindra les siens à Saint Barth.
Mais c’était vraiment une personnalité remarquable
Avec beaucoup d’opportunité, notre époque rend hommage à ses grands hommes, célèbre ses individus magnifiques, ses antidotes à la révolte. Pour des hommes politiques comme Trump ou Macron, ce sont des appuis indispensables à leurs victoires.