Après la réforme de l’assurance-chômage, après l‘effondrement de l’hôpital public, après le délitement de l’éducation nationale, après la destruction de l’ONF, après tant de casse, il n’était évidemment pas question de s’arrêter en chemin alors que la pente est si douce pour le capital.
En ce début d’année, c’est au tour des retraites. . . Le recul de l’âge légal de départ en retraite annoncé par Elisabeth Borne est une régression sociale et écologique formidable à une époque où il faudrait au contraire songer à produire moins et diminuer le temps de travail. La Macronie ressemble de plus en plus à une entreprise de liquidation où tous nos acquis sociaux et services publics sont bradés pour le plus grand profit d’une petite minorité de nantis dont la rapacité et l'avidité ne cessent de croître au fur et à mesure que leurs exigences sont satisfaites. En 2023, le liquidateur en chef veut définitivement imprimer sa marque, rentrer dans l’histoire. Ah, si tout pouvait être liquidé avant la fin de son mandat !
Et pour cela, il importe de n’accorder aucun répit, de n’offrir aucune perspective à la contestation. Pas de pause, pas de point d’appui, pas de recours possible. Il convient de désespérer le citoyen militant, celui qui manifeste encore quelques velléités de résistance. La trajectoire est fixée, balisée, endiguée. Il n’y a pas d’avenir pour toutes celles et ceux qui réclament une vie plus digne, le respect des générations futures, une justice équitable, pour toutes celles et ceux qui veulent être autre chose que des objets entre les mains de l’oligarchie régnante.
“ Rendez-vous, vous êtes cernés !” Emmanuel Macron aurait pu se contenter de cette injonction en guise de voeux du nouvel an ! Il n’y a pas d’échappatoire, la police est armée, la justice est aux ordres et l'entreprise va vous enrôler et vous accompagner jusqu’au cimetière. Produisez et consommez, vous n’aurez droit à rien d’autre !
Pour bien faire comprendre que toute forme de protestation et d’activisme est vouée à l’échec, le pouvoir montre clairement ses muscles.
“L’inquiétant virage radical des activistes écologistes” pour reprendre le titre d’un article récent du journal “le Parisien” est surveillé par les Renseignements territoriaux et la criminalisation des luttes écologiques est désormais un leitmotiv de la communication gouvernementale.
Le 6 janvier, des opposants à la mégabassine de Mauzé dans les Deux-Sèvres ont été lourdement condamnés pour des faits de dégradations et de violences envers les gendarmes. Le 9 janvier, une militante quinquagénaire du collectif Dernière rénovation, médecin et mère de trois enfants, a comparu devant le tribunal de Paris pour avoir bloqué avec six autres activistes le périphérique parisien pendant une demi-heure à l’exception des ambulances ; le procureur de la République a requis de la prison !
Dans le même temps, dans l’affaire du pesticide Chlordécone qui a durablement empoisonné les Antilles, provoqué la contamination de plus de 90% de la population locale et une augmentation considérable du nombre de cancers, la justice conclut à un non-lieu. La collusion entre les intérêts privés des planteurs de banane et les pouvoirs publics (bien documentée, 2 rapports de l’INRA, l’Institut national de la recherche agronomique, et de l’AFSSET, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail, l’ont démontré) expliquent sans doute ce jugement qui suit les réquisitions du parquet.
Une terrible solidarité de classe, cimentée par des intérêts communs, unit la triste engeance qui nous gouverne. L’élévation au grade d’officier de la légion d’honneur, dans le cadre de la promotion du 1er janvier, de Madeleine Dubois, ancienne conseillère de Jacques Servier et fervente lobbyiste des laboratoires du même nom à l’époque de la commercialisation du Médiator, est d’une violence et d’un mépris incroyable à l’égard des victimes de ce pseudo-médicament au moment où débute le procès en appel du Médiator et des laboratoires Servier.
Ce pouvoir se permet tout, y compris de cracher sur les victimes innocentes de sa politique.
Alors, malgré l’arsenal policier et juridique déployé par le régime, il est grand temps de dire STOP. La réforme des retraites doit être l’occasion d’agglomérer toutes les luttes, de trouver un exutoire à toutes les justes colères et à toutes les humiliations subies. Si les résistances sociale et écologique se donnent la main, Macron peut être défait et nous pourrons, collectivement, nous souhaiter une bonne année. Le règne de Jupiter n’a que trop duré.