La terre demeurera -t-elle toujours habitable ? Elon Musk, le PDG de Tesla et de la société SpaceX, spécialisée dans les lanceurs spatiaux, semble en douter et se prépare à l’éventualité de devoir prendre la fuite.
Aussi, poursuit-il son projet de colonisation du système solaire afin d’éviter l’extinction de l’espèce humaine. Cet avant-gardiste prévoyant vient de propulser sa voiture, un cabriolet Tesla, dans l’espace, au moyen de la fusée Falcon Heavy, assurant du même coup, avec la complicité des médias, sa publicité personnelle et la promotion de ses produits. L’espace cosmique est ravalé au rang d’espace publicitaire . . . Au moins, l’objet désormais intersidéral, «fabriqué sur terre par des humains », ainsi que l’atteste une inscription sur le circuit imprimé de la Tesla, a-t-il été judicieusement choisi : si l’humanité finit par disparaître, il sera bien le symbole même de cette société technologique de consommation, au service des ultra-riches comme Elon Musk, qui aura rendu la vie humaine impossible sur la planète.
Comme Bill Gates, Mark Zuckerberg, Tim Cook et bien d’autres, Elon Musk fait partie de ces patrons du secteur des nouvelles technologiques, les fers de lance ( ou les premiers de cordée) de notre civilisation de l’écran qui rendent les populations de plus en plus dépendantes du numérique, de la connectique, de la robotique, de l’électronique sous toutes ses formes, mais qui semblent en même temps douter de l’avenir qu’ils nous réservent. Ce sont des dealers conscients de la dangerosité potentielle des produits qu’ils s’emploient à développer et à mettre sur le marché. Et ils semblent eux-mêmes dépassés par les évènements et effrayés par la puissance grandissante des robots et d’un système global qui poursuit désormais sa propre logique, qui s’autonomise de plus en plus. Elon Musk plaide par exemple pour l’homme augmenté pour tenter de contrecarrer les dangers d’une intelligence artificielle qui pourrait échapper au contrôle humain et finir par dominer le monde ( lire ici). Selon lui, l’intelligence artificielle est « la plus grande menace existentielle » et représente « un risque bien plus gros que la Corée du Nord » », elle risque de nous rabaisser au rang de « chat domestique » ! Il faudrait donc robotiser l’homme pour éviter d’en faire un animal asservi !
Plus la conscience du danger se fait prégnante et plus les papes de la « high-tech » investissent dans des procédés coûteux et sophistiqués pour tenter d’apprivoiser l’intelligence artificielle, mais ce faisant, ils ne font qu’étendre encore plus l’ empreinte de cette « dictature invisible »(1) jusqu’à la faire pénétrer dans l’humain, une fuite en avant délirante !
Un monde artificiel phagocyte la nature et supplante peu à peu le vivant.
Mais les hommes ne sont pas encore des robots et doivent toujours satisfaire leurs besoins physiologiques essentiels.
Au Cap, en Afrique du Sud, pays de naissance d’Elon Musk, « le jour zéro » approche. Bientôt, si la sècheresse se prolonge, les habitants de cette ville de 450.000 habitants, devront s’approvisionner en eau à des robinets publics avec une ration quotidienne ne pouvant dépasser 25 litres par personne (lire ici). Le PDG de la multinationale Naspers, installée au Cap et plus grande entreprise d’Afrique en terme de capitalisation boursière, fera-t-il la queue comme tout le monde pour aller chercher de l’eau au robinet. On peut raisonnablement en douter. . . Les riches hommes d’affaires du Cap et des autres capitales mondiales sont-ils d’ailleurs concernés par les affaires du commun des mortels, par les services publics et les biens collectifs qui fonctionnent grâce à des impôts qu’ils tentent partout d’optimiser c'est-à-dire de ne pas payer ? Beaucoup cherchent désormais à s’affranchir du destin de la communauté des vivants. Aux Etats-Unis, le mouvement survivaliste qui consiste à se préparer à la fin de notre civilisation touche tout particulièrement les super-riches qui investissent dans des bunkers de luxe censés les mettre à l’abri d’une éventuelle catastrophe sociale, écologique ou technologique.
Elon Musk oeuvre-t-il pour le bien de l’humanité, pour le bien commun ? Qui peut croire que le projet d’Elon Musk concerne la communauté des terriens ? Non, il ne peut concerner qu’une petite minorité d’ultra-riches qui, face aux périls qui nous menacent, fantasment sur le grand voyage.
- Lire « L’homme nu », la dictature invisible du numérique de Marc Dugain et Christophe Labbe