Il y avait 38 listes en présence pour ces Européennes, l’illustration d’un esprit de chapelle en plein boom et la représentation d’une société fissurée, éclatée, parcourue par des sectarismes de tous ordres. L’extrême droite qui joue sur la peur fictive du grand remplacement et de la submersion de la civilisation occidentale par la civilisation islamique est la grande gagnante de ces élections, les écologistes qui alertent l’opinion sur la dégradation bien réelle de notre environnement en sont les grands perdants. Le corps électoral perd la boule, hystérisé par les médias dominants qui désinforment, manipulent, attisent les peurs et les frustrations. Dans ce monde en perte totale de repères, les opportunistes sans scrupule se tiennent aux aguets, les crapules aiment nager en eaux troubles. Notre système politique est à l’agonie, dominé par un despote vibrionnant et mégalomane qui s’amuse à exciter les passions, à jouer des pulsions malsaines, à organiser des combines misérables, à fracturer, à diviser, à faire et défaire, à dire tout et son contraire, dans un “en même temps” qui donne le tournis et qui risque de faire chavirer désormais l’ensemble de la société. De la montée des périls de tous ordres, le péril écologique étant sans doute le plus prégnant, il semble ne retenir désormais que le péril russe. Tout ce qui compte, tout ce qui lui importe, c’est de se regarder dans le miroir, revêtu de ses habits de Président et de chef des armées. Mais des habits qui permettent de trôner en majesté, il n’en a plus, il est en slip.
Emmanuel Macron s’est défait de tout ce qui est censé donner à un Président - même s’il s’agit d’un détestable arriviste, et la République française en a connu un certain nombre - Il n’a plus aucune crédibilité, il n’ a plus de majorité, il n’a plus de légitimité démocratique, il vient de mener son clan à la défaite, une défaite inédite et historique, et surtout, par-dessus tout, il vient d’installer le Rassemblement national dans l'antichambre du pouvoir.
Et désormais, celui qui avait envisagé un temps de restaurer l’image du maréchal Pétain voudrait juguler et étouffer “ce vent mauvais” qui souffle sur la France !
Après avoir mené une politique de droite extrême, notamment dans le domaine social et écologique, Emmanuel Macron entend maintenant diaboliser l'extrême droite et prendre la tête d’un front républicain. Quelle tragi-comédie !
Celui qui n’a cessé depuis son arrivée au pouvoir de restreindre les libertés publiques, de creuser les inégalités et de détruire méthodiquement tous les liens et les biens communs susceptibles de maintenir le vivre ensemble et une certaine fraternité, en appellerait à la République !
Après le vote de la loi scélérate sur les retraites, après la loi indigne sur l’immigration, après la réforme inique de l’assurance chômage, après tant de réformes injustes et de décisions partisanes, après la violence de la répression des gilets jaunes, des manifestations de Sainte Soline et de l’A 69, après la stigmatisation incessante de la NUPES, après l’outrance, après l’intimidation, après le mensonge et la manipulation, Emmanuel Macron se rêve en chevalier blanc, partant guerroyer contre le monstre.
Eh bien non ! Contre ce monstre qu’il a engraissé pendant sept ans, il va rester tout seul, en slip !
Maintenant, c’est au nouveau “Front populaire” de tenter de faire échec au grand basculement, de redonner espoir au peuple de gauche dans un premier temps, et ensuite à la société dans son ensemble.