Que les médias, commentateurs et journalistes français - Médiapart compris- , dans une belle unanimité, aient cru bon de saluer le discours de Barack Obama aux obsèques de Nelson Mandela au stade Soccer City de Soweto, et d'en faire même l'événement majeur de ce rassemblement planétaire ( qui n'était d'ailleurs pas réellement populaire), montre à quel point le message et l'héritage spirituel du grand homme est déjà galvaudé et jeté aux hypocrites à des fins de récupération sans retenue et sans scrupule.
Que Barack Obama ait profité de cette manifestation pour jouer les moralisateurs, faire la leçon au petit monde de dirigeants qui l'entouraient et s'écrier au final« Moi aussi, j’ai appris de Nelson Mandela. (…) Il m’a rendu meilleur. » est indécent au vu de la politique intérieure et extérieure américaine dont il est aujourd'hui le premier responsable . Qu'il nous suffise simplement de rappeler que des hommes continuent à croupir dans les geôles de Gantanamo sans inculpation ni procès et que des lanceurs d'alerte comme Bradley Manning ou Edward Snowden, pour avoir révélé l'inavouable, sont aujourd'hui condamnés à la prison ou à l'isolement.
Les crimes actuels de l'administration américaine ( il ne s'agit pas d'invoquer le passé) aurait dû inciter les commentateurs enthousiastes à beaucoup plus de retenue.
S'il n'est pas possible de demander au vice de renoncer à rendre hommage à la vertu, au moins aurions-nous pu nous attendre à ce qu'on ne rende pas hommage au vice en retour.