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Billet de blog 11 décembre 2016

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Bernard Cazeneuve, une élégance française

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Selon une certaine presse, Bernard Cazeneuve, « l’homme le mieux habillé de France », serait « chic en toutes circonstances ».« L’élégance française » aurait trouvé sa nouvelle égérie. Notre nouveau Premier ministre, « toujours tiré à quatre épingles »,  accorderait  beaucoup d’importance à ses tenues vestimentaires ; sans doute doit-il considérer  que son apparence peut contribuer à renforcer son image d’homme d’état et d’homme d’ordre. Le socialisme libéral-sécuritaire ne saurait effectivement s’afficher dans des tenues négligées.  La respectabilité se conquiert aisément en se conformant à quelques codes qui dispensent de l’essentiel.  Mais il arrive que l’apparence et le raffinement soient très mal portés, on connaît les mots fameux de Napoléon adressés à  son ministre Talleyrand : « Vous êtes de la merde dans un bas de soie ! »

A cinq mois de la fin du mandat présidentiel, la nomination d’un dandy à Matignon prend aussi  valeur de symbole : c’est la consécration du paraître et de la communication en tant que fil conducteur de la politique socialiste du quinquennat Hollande.  A défaut d’un contenu acceptable pour l’électorat de gauche,  l’habillage et le marketing ont toujours été soignés pour tenter de faire passer des vessies pour des lanternes. Avec la promotion de Bernard Cazeneuve, un pas supplémentaire est franchi :  la tromperie et le cynisme sont  définitivement érigés en doctrine de gouvernement, François Hollande  prend un voile  de flanelle pour recouvrir l’escroquerie  et la veulerie de son mandat  mais aussi la dureté, la violence  d’une politique qui a systématiquement abandonné les plus faibles et réprimé sévèrement toute contestation.  Le socialisme hollandais  se termine avec les cravates à pois, les chapeaux feutre  et les pochettes de Mr Cazeneuve.  Décidément, cette fin de règne  prend les allures d’une funeste tartufferie.

 Ah, l’élégance de Monsieur Cazeneuve !

 Après le drame de Sivens,  l’élégant Monsieur Cazeneuve  avait regretté de ne pas avoir manifesté suffisamment d’émotion à la mort de Rémi Fraisse.  Comment bien communiquer quand un  jeune naturaliste est  tué par des forces de l’ordre placées  sous sa responsabilité ?  C’est  là, en effet, la seule question qui vaille ; le reste n’a que peu d’importance.  Dans ce drame, l’élégant Monsieur Cazeneuve dédouane les forces de l’ordre de toute responsabilité. Plus de deux ans après le drame, la mort de Rémi Fraisse reste toujours purement accidentelle, le gendarme auteur du tir ne sera probablement jamais renvoyé devant un tribunal.  Cette maudite grenade a choisi d’exploser au mauvais moment et au mauvais endroit, c’est la seule cause de ce décès. Toute la barbarie d’une certaine conception de l’ordre et de l’Etat est condensée dans cette sinistre affaire :  aucun responsable, aucun fautif, juste un évènement regrettable causé par des circonstances  stupidement contingentes. Rémi Fraisse est mort pour un grand projet inutile – et illégal -  et cette mort a malheureusement entraîné une faute de communication de l’élégant Monsieur Cazeneuve ; quel dommage !

Avec l’élégant Monsieur Cazeneuve au ministère de l’Intérieur,  les violences policières, qui ont été  couvertes dans l’immense majorité des cas, se sont multipliées et un moratoire sur l’usage du flash-ball, demandé par le défenseur des droits Jacques Toubon, a été refusé car « contre-productif ». Les derniers freins  à un encadrement policier républicain s’apprêtent d’ailleurs à être levés puisqu’un projet de loi  visant à assouplir encore les règles d’ouverture du feu pour les policiers devrait être présenté en conseil des ministres  le 21 décembre (lire ici). Jean-Claude Delage, le Secrétaire général du syndicat  policier Alliance qui avait clairement appelé à voter pour Sarkozy lors des présidentielles de 2012, s’est d’ailleurs félicité de la nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon ;  une telle appréciation en dit long sur la dérive autoritaire de notre état et sur les proximités politiques réelles par delà les clivages artificiels partisans.

 Avec l’élégant Monsieur Cazeneuve, l’état d’urgence va être prolongé jusqu’au 15 juillet 2017 et la France s’installe dans un régime d’exception permanent.

 Avec l’élégant Monsieur Cazeneuve, c’est une dernière salve de mesures qui s’annonce, une dernière salve de grenades offensives sur la démocratie, la citoyenneté, et sur toute forme de contestation sociale et écologique.

 Avec l’élégant Monsieur Cazeneuve, le socialisme de gouvernement parachève sa mue et la disgrâce de François Hollande est définitive.

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