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Billet de blog 12 février 2017

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Jadot, Hamon et Mélenchon, face à la VIème République et à leurs responsabilités

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François Fillon, entouré de ses troupes,  est animé d’une « colère froide ». Fillon a convoqué la presse.  Fillon, avec indécence et arrogance, joue les indignés, les outragés.  Fillon crie au complot, tance, insulte les journalistes. Fillon, candidat à la présidence, du haut de son petit plébiscite ( à la primaire de la droite, il a obtenu 66,5%  des votes sur 4,38 millions de votants),  profite de l’esprit de la Vème République, contemple un demi siècle de soumission, et repart triomphant pour une nouvelle campagne.  L’affaire Fillon est une honte, une honte de plus  pour le parti LR qui, il est vrai, en a bu d’autres, mais également une honte nationale. Notre système politique où les partis se mettent au service des ambitions individuelles  est perverti, gangréné, par une petite oligarchie étrangère aux préoccupations des simples citoyens ; il est incapable de répondre aux grands défis actuels et nous tire collectivement vers le chaos. Avec la campagne scandaleuse d’un élu vénal, « sous l’influence des puissances d’argent »,  et le viol du jeune Théo au hasard d’un contrôle au faciès, la Vème république se vautre dans le caniveau.  « Le pays des droits de l’homme et du citoyen » semble se mettre au diapason de l’Amérique de Donald Trump.  La presse étrangère, encore estomaquée par la prestation de celui qui était présenté il y a peu comme le futur Président de la république, relate à des lecteurs stupéfaits les errements d’une France corrompue et raciste.

Une nouvelle fois, l’actualité nous démontre la nécessité impérieuse de sortir de la Vème république.

Trois candidats ont inscrit cette sortie dans leur programme ; trois candidats proposent un nouveau   modèle démocratique, une ambition qui se veut collective malgré une personnalisation obligée.

 Il se trouve que ce sont eux qui interrogent également le modèle croissantiste et la place du travail dans notre société, qui mettent en avant l’urgence de la transition écologique et sociale, qui veulent rompre avec une agriculture productiviste, qui aspirent à restaurer  une citoyenneté active.  Pour l’instant, un seul parmi les trois, Yannick Jadot, qui n’a pas d’autres ambitions que de représenter son camp ( également le moins bien placé, il est vrai,  dans les sondages), propose  aux deux autres« la grande aventure » du rassemblement, le dépassement des différences pour redonner l’espoir, un espoir mutualisé qui pourrait déboucher cette fois sur un véritable changement.

Des discussions ont déjà eu lieu avec Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon fait la sourde oreille. Les militants et sympathisant  d’EELV vont être consultés sur l’ouverture de discussions avec Hamon, en attendant de poursuivre le rassemblement.

Un programme commun d’une vraie gauche écologique et sociale débouchant sur une seule candidature est-il encore  possible ? Yannick Jadot peut-il être entendu ?  Peut-il être notamment entendu de Benoît Hamon quand il affirme que « Les écologistes ne monteront pas dans le vieux bus diesel du parti socialiste ».

Benoît Hamon paraît plus accommodant a priori mais il semble aujourd’hui prisonnier d’un parti auquel il doit sa carrière. Il veut aujourd’hui rassembler une  famille éclatée, parcourue de fractures idéologiques, pour tenter de capter la majeure partie d’un héritage électoral déjà bien entamé.Le PS n’est plus qu’un vieil  échafaudage d’ambitions personnelles  adossé à l’édifice branlant de la Vème République.  Hamon va-t-il privilégier le vieil appareil aux idées neuves, vat-t-il faire le choix de prolonger la vie  d’un système à bout de souffle ?  Cet acharnement thérapeutique décevrait sans doute l’électorat qui a permis sa victoire aux primaires et serait  à coup sûr un piège paralysant. Pour permettre le rassemblement, Hamon doit décider de rompre les amarres et dire clairement qu’il n’est pas le candidat du PS, qu’il ne gouvernera pas avec la majorité d’hier. Il ne s’agit pas de couper des têtes mais de clarifier une position afin d’apurer le passé et le passif. La recomposition, le renouveau de la gauche  ne peut se faire autour du parti socialise qui, aujourd’hui, est disqualifié. Pour Benoît Hamon, l’épreuve de vérité et de bonne volonté est là

C’est un préalable indispensable ;  il est peu probable mais il n’est pas impossible.  La France insoumise devrait alors  se soumettre à un impératif : la nécessité du rassemblement pour être efficace.

Pour Yannick Jadot, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, la discipline de parti et l’aveuglement partisan déboucheront inéluctablement sur la défaite. Pour « la grande aventure », il faut des engagements probants et nécessairement des compromis avec les autres composantes de l’opposition au libéralisme. La VI ème République, c’est la promesse d’une constituante et c’est doncl’obligation d’un dialogue entre citoyens ;  il y aurait un grand paradoxe à la réclamer tout en refusant de discuter et en s’arcboutant dans un entre-soi partisan.

 Pour atteindre la VIème République il faut déjà, sans doute, être imprégné de son esprit : la négociation, le respect de l’autre, le partage du pouvoir, la primauté du collectif, l’effacement des ambitions personnelles.   Est-ce trop demander à ceux qui vont porter cette ambition durant la campagne ?

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