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Billet de blog 12 mars 2016

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François Hollande, à la manœuvre, par grand vent.

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Décidément, ce gouvernement n’est pas compris ! Voilà que la jeunesse, « la priorité du quinquennat », est  dans la rue et prend la tête de la cohorte des mécontents alors même que le projet de loi El Khomri  vise à lui permettre d’accéder  plus facilement  à un emploi stable. Les jeunes  volontiers plus rebelles, plus spontanés, plus imprévisibles que les « partenaires » syndicaux classiques sonneraient-ils le glas du règne de François  Hollande ?

Inquiets, désemparés, divisés, les socialistes, tiennent - c’est une habitude maintenant - des propos contradictoires, ne sachant trop quelle posture adopter. Certains se comportent en laquais, ne supportent pas que l’autorité du roi soit contestée, et tentent  de décrédibiliser, de minimiser, le mouvement.  Ainsi,  Jean-Marie Le Guen estime-t-il que la mobilisation « n’a pas fait la démonstration du refus de ce projet de loi » tandis que Malek Boutih clame, bravache, qu’ « il n’y a pas de quoi déstabiliser un gouvernement ». D’autres, prévoyant les prochaines nuées d’orage, sont plus circonspects, plus prudents, à l’image du président lui-même  qui préfère temporiser en annonçant des « éclaircissements à donner, des corrections à établir par rapport à ce qui pouvait être mis dans une première intention ». Il faut répondre aux inquiétudes mais il n’est pas question de retirer le texte car « la vie, ce n’est pas de se retirer ni de retirer, la vie c’est d’avancer, avancer toujours, mais avancer en faisant en sorte que nous puissions donner des garanties aux uns et aux autres ».

Mais, derrière la volonté d’écoute et de dialogue désormais affichée, ce qui transparaît c’est toujours la manœuvre, la duperie,  le souci de réformer selon les directives patronales. Il faut expliquer car  les jeunes et les moins jeunes ne comprennent pas que ce texte va les sortir de la galère des stages et des petits boulots précaires. Ils ne comprennent pas mais on va leur expliquer. . .   On va leur expliquer sans rire que faciliter les licenciements favorise l’emploi, que la possibilité de renouveler deux fois un CDD ou la disparition du seuil plancher de 24h pour les temps partiels va réduire la précarité et que la flexibilité améliore les conditions de travail.

Le chemin est tracé.

La pédagogie s’accompagne toujours de la même morgue, de la même suffisance, du même cynisme, du même mépris, comme s’il n’existait qu’un monde : le leur, un monde qui correspond à celui de leurs mandants, un monde taillé sur mesure pour la finance et les patrons, un monde qu’ils façonnent, qu’ils réforment  jour après jour, un monde qui ne peut plus évoluer que dans un sens, le sens qui correspond à leurs intérêts et que, par convention, ils ont décidé d’appeler progrès.

Comment peut-on s’opposer au progrès ? C’est inimaginable ; en fait c’est impossible : on n’arrête pas le progrès, on n’arrête pas les réformes, on n’arrête pas la loi El Khomri, on peut tout juste en infléchir un peu la trajectoire.  On veut bien dialoguer, écouter,  mais, chemin faisant, en avançant, car « la vie c’est d’avancer », en ayant la même boussole, les mêmes objectifs. Alors, mesdames et messieurs les manifestants, nous sommes à votre écoute mais  veuillez répondre aux seules questions qui vaillent : êtes-vous immédiatement, globalement favorables à la loi El Khomri ou y êtes vous favorables après certains aménagements de détail ?

Les termes de la négociation sont clairs.

Les gueux ne comprennent  rien au progrès : ils veulent moins de précarité et conserver  leurs droits acquis alors que selon la formule restée célèbre de Laurence Parisot, « la vie, la santé, l’amour sont précaires». Comment un monde spéculatif qui parie sur le cours du blé, du riz, du soja, du taux de CO2, de tout ce qui est essentiel à la vie, pourrait-il se préoccuper de la stabilité d’un contrat de travail et d’une vie de travailleur ? Les espèces, le climat, les affaires, sont pris dans le grand tourbillon du changement. Il faut s’adapter ou disparaître, il faut suivre le rythme de l’évolution fixé par le capital et la technologie. 

Mais les citoyens,  après une période de léthargie dû aux sédatifs administrés pendant l’Etat d’urgence sont en train de se réveiller, de manifester des  velléités de résistance. Mercredi dernier, le peuple s’est levé, un peuple bigarré, venu de différents horizons avec des jeunes, des vieux, des syndiqués, des travailleurs, des chômeurs. Les fanions de Notre Dame des Landes, les effigies en l’honneur de Rémi Fraisse, les slogans contre les grands projets inutiles côtoyaient les banderoles syndicales.

La colère est en  train de cristalliser, de partir en réseau ; les convergences se mettent en place.  Ce projet de loi El Khomri  peut faire office de choc libérateur, salvateur, dans une société en état de surfusion.

Déjà  l’UNEF appelle au renforcement de la mobilisation le jeudi 17 mars. Le grand vent de la contestation se lève. Pour tous les opprimés, pour les travailleurs, pour les jeunes, c’est le vent de l’espoir. Pour le capitaine, ce pourrait être le grand vent du démâtage.

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