Notre société est en crise mais les entreprises du CAC 40 se portent bien : leurs profits ont atteint le chiffre record de 76 milliards d’euros en 2016 ! La finance sort renforcée du quinquennat de François Hollande, elle n’a pas d’ennemis, elle ne rencontre pas d’obstacles, et elle peut exploiter sans vergogne l’ensemble des forces vives de la nation pour distribuer une manne sans cesse plus importante aux classes possédantes : une augmentation de 36% par rapport à 2015. L’ogre capitaliste dévore notre tissu social, notre environnement, notre démocratie, avec un appétit insatiable. Mais, il lui en faut toujours plus et ses engraisseurs libéraux entendent bien finir de dépouiller l’Etat et ses services publics pour le satisfaire. Après toutes les lois votées sous la pression des lobbies patronaux, après la loi El Khomri, le candidat Emmanuel Macron ne veut pas s’arrêter en si bon chemin et souhaite poursuivre et amplifier la bataille de la compétitivité « en reconstruisant les marges des entreprises ». S’il est élu, la France pourra enfin s’engager résolument dans la voie du néolibéralisme et devenir un pays d’entrepreneurs en quête de richesse.
Car dans cette campagne présidentielle, le capital dispose d’un grand prêtre qui veut lui sacrifier la nation toute entière, soumettre à son culte l’ensemble de la population. Son discours est enthousiaste : jeunes ou vieux, de droite comme de gauche, vous serez des chefs d’entreprises, des capitalistes, des milliardaires en puissance ; livreurs de pizzas, promeneurs de chiens, chauffeurs de VTC, vous serez des patrons habités par le souci de délivrer un service optimal et de rentabiliser votre affaire ; pour le plus grand bien de la France, vous allez adopter les codes et l’état d’esprit du capitalisme.
Emmanuel Macron veut étendre le culte de l’argent à l’ensemble des couches sociales de la société. Ce grand prédicateur, ce grand mystificateur, veut abolir les frontières entre la droite et la gauche et veut convaincre le peuple, contre toute évidence, en niant les leçons de l’histoire et des luttes sociales, que les intérêts antagonistes et les clivages qu’une certaine vulgate marxiste s’emploie à mettre dans les têtes peuvent être surmontés, dépassés et que, finalement, nous sommes tous des frères capitalistes.
La candidature d’Emmanuel Macron est une bulle spéculative qui prospère dans l’air vicié de cette campagne sur la désinformation, la désillusion, le rejet des partis traditionnels, et sur l’éclatement de la gauche.
Car pour contrer Macron et tous les autres candidats de droite, la gauche reste malheureusement fragmentée. Il n’y aura pas d’accord Hamon-Mélenchon ; des pétitions circulent encore pour réclamer une candidature d’union - qui aurait sans doute pu être présente au second tour - mais les prises de position récentes de Benoît Hamon la rendent inconcevable. Benoît Hamon est bel et bien prisonnier de l’appareil socialiste qui lui dicte désormais ces éléments de langage et de campagne. Ainsi, recevoir à son QG de campagne le Premier ministre est « un immense honneur » et, ce week-end, aux Antilles, le bilan de François Hollande est qualifié d’excellent !
Face à sa direction, Benoît Hamon, en petit garçon, choisit honteusement de baisser la tête et trahit déjà l’électorat qui lui a permis d’arriver en tête à la primaire de la Belle Alliance. Il démontre qu’il ne représente pas réellement un espoir de changement et endosse un peu plus la responsabilité de l’échec d’une candidature d’union.
Il aurait pu faire le choix de rejoindre la France insoumise et Jean-Luc Mélenchon. Il a fait le choix inverse, il a opté pour la concurrence en espérant remporter le gros lot ; il fait déjà partie de la confrérie des capitalistes d’Emmanuel Macron.