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Billet de blog 13 mars 2023

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"Ni chair à canon, ni chair à patron"

“Ni chair à canon, ni chair à patron”, c’était un des slogans, brandi sur une pancarte portée par un jeune dans les rues de Bordeaux lors de la dernière manifestation contre la réforme des retraites. . .

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“Ni chair à canon, ni chair à patron”, c’était un des slogans, brandi sur une pancarte portée par un jeune dans les rues de Bordeaux lors de la dernière manifestation contre la réforme des retraites. . .  

Une revendication  en forme de refus,  le refus de l’enrôlement en usine ou dans l’armée, le refus de l’aliénation, de l’asservissement physique, moral, et financier dont le report de l’âge légal de la retraite à 64 ans n’est qu’un des nombreux corollaires. Les jeunes comprennent bien que la société néolibérale d’ Emmanuel Macron planifie la diminution des droits et des libertés pour le plus grand nombre afin de perpétuer et d’accentuer l’opulence d’une petite oligarchie. Ils savent que le capitalisme financier examine toute chose, y compris le vivant, dans une optique utilitaire et qu’il pose sur eux un regard analogue à celui de l’exploitant minier face à une nouvelle veine de minerai. Ils ne peuvent être dupes de la fausse bienveillance affichée par les défenseurs de la réforme à l’égard de la jeunesse.  Le dérèglement climatique, les pandémies  de coronavirus ou autres (sautant la barrière des espèces ou échappés de laboratoires), les profits vertigineux des sociétés pétrolières, l’accroissement des inégalités, la course aux armements, etc, sont les fruits pourris d’un système qui produit des désastres en série, qui est incapable de se remettre en cause et de s’amender, et qui ose prétendre oeuvrer afin de leur garantir un avenir meilleur.  Comment croire que des politiques atteints de myopie maladive, et qui viennent de refuser tout récemment en cette période d’inflation les repas étudiants à 1€, puissent réellement se préoccuper d’horizons lointains et du fardeau de la dette pour les générations futures ?   Comment ne pas crier sa colère et son dégoût face à un tel cynisme et à cette escroquerie intellectuelle ? Comment ne pas refuser de cautionner et de servir un tel projet de régression sociale et écologique ? 

Ils ne veulent pas d’un monde où les rapports entre nations et individus sont basés sur l’exploitation et la domination. Ils refusent la prédation. Ils refusent de participer à la montée de la violence. 

Les jeunes Français n’entendent pas le bruit des canons du front ukrainien mais ils perçoivent le fracas d’un monde où le capitalisme et l’instinct de domination se nourrissent et se renforcent mutuellement. La célèbre formule de Jaurès, prononcée à la veille de la première guerre mondiale est toujours restée d’actualité : “ le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ! ”. La  guerre en Ukraine a certes été déclenchée par l’envahisseur russe mais elle résulte aussi d’un expansionnisme qui constitue l’une des caractéristiques du capitalisme dominateur américain cherchant  sans cesse à accroître sa zone d’influence et ses marchés au profit de quelques saigneurs et notamment des industriels de l’armement. Tous les jeunes enrôlés de force - et ce type d’embrigadement existe des deux côtés - sont bien devenus de la chair à canon - la bataille atroce pour le contrôle de Bakhmout en est l’illustration - avant de redevenir, si ils sont chanceux, de la chair à patron. 

“Ni chair à canon, ni chair à patron”, tout est dit. C’est  un résumé particulièrement clair de l’enjeu de cette confrontation entre le petit monde des donneurs d’ordre et celui des exécutants. Les jeunes savent bien que ce n’est pas seulement le problème des retraites qui est débattu en ce moment au Parlement et dans la rue.  Leur avenir est aussi en jeu, ils perçoivent qu’il ne faut plus reculer face à un pouvoir qui obère leur avenir et qui réduit chaque jour un peu plus leurs chances de vivre une vie qui ne soit pas diminuée par un environnement ravagé et asservi au capital. 

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