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Billet de blog 13 septembre 2016

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En campagne et en guerre

Après son discours de la salle Wagram, François Hollande semble bien décidé à repartir en campagne et à déclarer à nouveau la guerre à tous les ennemis du peuple et de la République.

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Faut-il qu’il soit à ce point coupé du monde pour y croire encore !  François Hollande ne s’est pas porté officiellement candidat mais il renoue avec ses discours de campagne et, en vieux routier de la politique, il raconte son histoire, toujours la même histoire, celle du défenseur de la République , de l’homme de gauche, du rassembleur des français, du protecteur contre  la droite extrême , l’histoire des lendemains qui chantent après les moments difficiles. François Hollande oscille entre 15 et 20% de cote de popularité  dans les sondages, il est discrédité, méprisé, presque haï par une majorité de Français mais il est à l’Elysée, entouré de conseillers grassement payés et  bienveillants, et, Vème République oblige, il  compte bien se représenter.  Il espère sans doute secrètement que la situation actuelle peut lui offrir quelques opportunités, ménager des surprises. « Dans les chaos qui sont créés » peut surgir l’improbable.

Car nos politiques s’emploient à nous maintenir dans  un état de guerre. Les commémorations, les déclarations belliqueuses, les consignes de sécurité, les militaires dans les rues, etc, stimulent en permanence notre affectivité, nos réactions de défense face à un ennemi  qui est aussi intérieur, entretiennent une angoisse latente. Selon Manuel Valls, la menace est « maximale ».  L’extrême droite, la droite extrême, et la droite « sociale-libérale », rentrent en campagne dans une ambiance qui alimente les peurs, les fantasmes, les préjugés,  plutôt que les débats sereins et réfléchis.  Les  démagogues et les menteurs vont pouvoir déployer tout leur talent ; chaque compétiteur espère  tirer son épingle  du jeu en exploitant les erreurs ou les outrances de ses adversaires.  

En ce mois de septembre, la France continue, au sein de l’UE, à faire figure de pays assiégé par les islamistes. L’affaire de la voiture bourrée de bonbonnes de gaz, découverte à Paris dans une rue du Quartier Latin,  contribue à accroître la psychose et donne un nouveau visage à l’hydre terroriste : les combattants djihadistes impliqués sont  des femmes. Bientôt, les enfants représenteront un danger potentiel ; les médias parlent désormais d’adolescents fanatisés. La communauté musulmane dans son ensemble n’est plus à l’abri de regards suspicieux.

Et l’instrumentalisation de la menace est, elle aussi, « maximale ». Avec la complicité des médias, le pouvoir arrive à transformer  des signes inquiétants de défaillance en succès policier. La voiture mystérieuse, feux de détresse actionnés,  n’a, semble t-il, été contrôlée par la police que plusieurs heures après les premiers signalements de témoins, signe d’un manque de réactivité flagrant, mais, après l’arrestation des suspectes,  le ministère de l’Intérieur n’hésite pas à parler d’attentat « déjoué » alors même que l’échec de cette opération terroriste semble uniquement due à l’inexpérience et à la maladresse des exécutantes. La célèbre maxime « La première victime de la guerre, c’est la vérité » est plus que jamais  d’actualité. Le ministre de l’Intérieur Bernard  Cazeneuve n’hésite d’ailleurs pas à fanfaronner  «  nous faisons tout pour tout éviter » alors même que la politique de la France au Proche Orient, principalement déterminée par les intérêts de notre industrie d’armement, ne change pas, reste désespérément vectrice de conflits, et alimente puissamment la fureur islamiste contre notre pays.  Le carnet de commande de  nos industriels est depuis longtemps la seule  boussole diplomatique de nos présidents.

Mais, après tout, pourquoi changer puisqu’il suffit d’un discours creux et inconsistant – le discours de la salle Wagram - pour qu’une certaine  presse salue la renaissance et le sursaut du Président. Dans notre Vème République, un Président peut avoir toutes les audaces verbales sans jamais être contredit. Ainsi, après l’annonce de la suppression des activités ferroviaires du site Alstom de Belfort, François Hollande n’hésite-t-il pas à se poser en sauveur potentiel et à faire la leçon aux dirigeants du groupe industriel tout en menant  une politique publique  qui fragilise et élimine progressivement  le fret ferroviaire sur le territoire national.

L’heure des promesses et des déclarations bravaches serait-elle à nouveau venue ? François Hollande est prêt à repartir en guerre contre les ennemis du peuple.

Et dans cette course à la présidence, la ligne de départ est déjà bien fournie, illustration de la primauté des égos sur l’intérêt général.

La campagne qui s’annonce est à l’image de la marche du monde ; nous savons que nous courrons à la catastrophe mais nous sommes prisonniers d’un bateau ivre dont il nous paraît impossible de prendre les commandes.  

Un attentat a été déjoué mais un autre attentat est en préparation  et il faut bien avouer que seul Jean-Luc Mélenchon se propose  pour l’instant, en annonçant  la convocation d’une Constituante s’il est élu en mai 2017, de briser les chaînes de notre servitude et de notre impuissance collective.

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