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Billet de blog 14 avril 2012

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Le mur de la dette cache la crise écologique

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Au sortir de l’émission «  des paroles et des actes », Eva Joly déplorait une nouvelle fois de ne pas avoir pu suffisamment parler d’écologie. La fenêtre de communication représentée par la campagne présidentielle  va bientôt se refermer pour un certain nombre de candidats sans qu’ils aient véritablement réussi à porter leur projet,  à faire entendre une voix différente. Probablement parce que le bruit de fond était trop important, trop assourdissant . Car cette campagne présidentielle  c’est avant tout une bataille de communication bipolaire entre deux finalistes présumés avec des arguments répétés, rabâchés jusqu’à la nausée. Ce n’est pas un espace de débat public  et d’échanges véritables entre candidats et encore moins un moment propice à la réflexion et à la prospective. Une bataille pour la conquête du pouvoir ne fait pas appel aux cerveaux et à l’intelligence collective mais aux réflexes identitaires et partisans. Le point d’orgue d’une Vème République monarchique et à la démocratie si peu participative ne peut être qu’un moment supplémentaire de manipulation et de désinformation. Les « Philippe Poutou » qui sont là « pour porter un programme, pour porter des idées, pour contester un système » ont droit à leur petit quart d’heure médiatique pour l’honneur et pour permettre de valider tout un processus  électoral qui reste profondément inégalitaire et injuste. Ils peuvent bien « crever l’écran » quelques minutes, les consciences sont déjà blindées. Les  thèmes débattus ou plutôt abordés pendant cette campagne sont pour la plupart imposés par les deux principaux challengers et par les médias, toujours complices du maître actuel ou en devenir. Deux sujets, deux  objectifs, d’ailleurs contradictoires, constituent depuis le départ leur ressort émotif et le fil d’Ariane de leur campagne : le remboursement de la dette et la  croissance.

Dans le même temps, un certain nombre d’enjeux majeurs sont totalement occultés  et en particulier toute la problématique environnementale : le mur de la dette cache la crise écologique. La doctrine  libérale et l’orthodoxie financière verrouillent les esprits et les enferment dans une logique implacable qui ne peut admettre la contradiction ni même le compromis. François Hollande exclut toute négociation entre les deux tours avec le Front de Gauche , le remboursement de la dette publique et la croissance tous azimuts ne sont décidément pas compatibles avec l’audit citoyen et la planification écologique.

Ah, cette croissance ! A l’heure de la raréfaction accélérée des ressources et des richesses naturelles de toutes sortes, la croissance est un dogme totalitaire qui ne souffre aucune restriction.  L’intégrisme de la croissance conduit à se couper aussi sûrement de la réalité que le fanatisme religieux. Sur le site du candidat François Hollande, on peut lire que «  Le développement des nouvelles technologies et de l’économie numérique est un levier essentiel d’une nouvelle croissance ». Le marché des TIC  ( Technologies de l’Information et de la Communication) -avec notamment le segment  de la téléphonie mobile-  est effectivement porteur : aujourd’hui, en France, le  taux de pénétration des mobiles est supérieur à 100% : le nombre de téléphones portables a dépassé en 2011 le seuil symbolique du nombre d’habitants et la croissance de ce marché est de l’ordre de 5% par an ! Chaque année, nous sommes plus de 20 millions à changer de téléphone mobile ! Faut-il s’en réjouir au nom de la croissance ou au contraire s’interroger sur l’obsolescence programmée des produits et le déplorer à cause des conséquences catastrophiques de cette consommation effrénée sur l’environnement ?

 Les ordinateurs, mobiles et autres tablettes  génèrent  en effet de nombreuses pollutions tant au stade de la fabrication particulièrement gourmande en énergie, en eau et en éléments métalliques    ( les fameuses « terres rares » dont fait partie le coltan qui alimente la guerre civile dans la République démocratique du Congo) qu’au niveau  de l’exploitation qui transforme peu à peu la planète en four à micro-ondes.                                          L’envers du décor attrayant des nouvelles technologies n’est jamais montré par les politiques qui préfèrent infantiliser les citoyens-consommateurs et relayer le discours lénifiant des industriels et des commerçants,  à l’instar de ce communiqué du gouvernement en août  2010 : « Chantal Jouanno et Nathalie Kosciusko-Morizet ont signé, le 22 juillet, avec la Fédération française des télécoms, une charte d’engagement volontaire du secteur des télécoms pour le développement durable. Conjuguer croissance verte et révolution numérique, c’est possible et souhaitable. La révolution numérique peut contribuer au développement durable. Une conviction partagée par le secteur des télécommunications et des Tic, lequel contribue fortement à la baisse des gaz à effet de serre (GES). Frank Esser  (PDG de SFR] se félicite de l’engagement de l’État pour promouvoir les solutions Tic auprès des secteurs clés de la croissance verte. Réciproquement, “le secteur des télécommunications offre des solutions techniques qui faciliteront la mutation écologique de notre société tout en améliorant la qualité de vie des Français. On est bien ici dans l’inverse de la décroissance”, précise Chantal Jouanno. Et Nathalie Kosciusko-Morizet d’abonder : “Cette charte consacre la capacité des Tic à innerver l’ensemble des secteurs économiques pour accélérer leur conversion écologique.” »
La  campagne qui s’achève sort du même tonneau : nos présidentiables préfèrent ignorer la planète et ses habitants pour mieux satisfaire les milieux industriels et financiers.

Décidément, vivement la VIème République !

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